Ma mère - TVA - 20 hres - 8 novembre
Publié : mer. nov. 02, 2022 11:36 pm
Ma mère
Maman très chère
Hugo Dumas
Après la décevante production Anna et Arnaud, qui a doucement tiré sa révérence mardi soir, TVA remonte la barre en programmant la poignante minisérie Ma mère, une immersion dans la vie tortueuse d’une femme bipolaire qui sort de prison et dont les démons personnels ne se cachent pas bien, bien loin.
Ça débute le mardi 8 novembre, à 20 h, et c’est du calibre de Mon fils des mêmes auteurs Anne Boyer et Michel d’Astous, qui savent comment écrire des séries intelligentes, sensibles et remuantes, sans se rouler dans le pathos inutile. J’ai beaucoup aimé les deux premiers épisodes — sur un total de six — de cette œuvre qui permet aux actrices Chantal Fontaine et Marilyn Castonguay de déployer tout leur talent.
Ce format court de six heures est génial, soit dit en passant. On ne se tanne pas, on ferme vite des chapitres et on ne s’engage pas dans un processus interminable qui va s’étirer sur sept saisons.
Parenthèse, avant de poursuivre : nul besoin d’avoir vu Mon fils pour embarquer dans Ma mère. Il s’agit de deux histoires différentes brodées autour de la santé mentale. Mon fils décrivait les ravages de la schizophrénie au sein d’une famille unie. Ma mère s’attaque au trouble bipolaire et à ses conséquences dévastatrices sur trois enfants qui ont été élevés par une mère malade et inadéquate.
Un lien unit cependant les deux émissions de TVA : le psychiatre joué par Luc Senay. Il traitait Jacob Fortin (Antoine L’Écuyer) dans Mon fils et il soigne maintenant Chantal Bélanger (excellente Chantal Fontaine) dans Ma mère. Soyez aux aguets pour les « caméos » !
La Chantal de Ma mère est un personnage complexe et exalté, qui en a fait baver à son entourage. On la rencontre au premier épisode à sa sortie de prison, dans une scène de cour intérieure qui évoque Unité 9 et Orange Is the New Black.
Au premier abord, on se dit voilà une femme de 58 ans qui prend ses médicaments et qui paraît sincère dans son désir de repartir sur des bases neuves. On l’aime et l’adopte, cette Chantal Bélanger optimiste, ratoureuse et séductrice.
Ses trois enfants d’âge adulte ne la perçoivent pas comme nous, évidemment. À commencer par l’aînée Valérie (épatante Marilyn Castonguay), dont l’existence a été détruite par l’absence de cette mère bipolaire, menteuse, manipulatrice, narcissique et toxicomane. Accro aux loteries vidéo, Valérie, qui était pourtant destinée à un brillant avenir, en arrache, elle boit et se gèle tous les jours, et ne se relève pas d’un divorce douloureux.
Au deuxième épisode, un punch nous laisse croire que la relation tordue entre Chantal et son aînée Valérie ne s’emmieutera pas, au contraire. Les scènes de confrontation mère-fille, très dures et réalistes, suintent le mépris et la haine. Et même si Chantal et Valérie ne dansent pas le même tango, elles se ressemblent pas mal plus qu’elles ne se l’avouent.
Les deux autres enfants de Chantal, soit la boulangère Justine (Rachel Graton) et l’architecte Éric (Steve Gagnon), accueillent mieux leur maman, tout en se méfiant d’elle. Ce n’est pas la première fois que Chantal leur jure qu’elle est sobre et qu’elle « va se refaire ».
Justine ravale et atteint son point d’ébullition, tandis qu’Éric joue au pacificateur, quitte à se piler sur le cœur. Avec leurs points de vue divergents, les trois enfants de Chantal exposent le dilemme au cœur de Ma mère : faut-il oublier le passé et regarder vers l’avant quand on a été élevé par une maman toxique ?
Pardonner équivaut-il à excuser des comportements déplacés ? La maladie a-t-elle le dos large quand vient le temps de justifier des épisodes douloureux ou blessants ? Cette famille disloquée a besoin d’une thérapie, STAT !
Les deux premiers épisodes montrent que notre Chantal, malgré toute sa bonne volonté, est fragile. Sans le sou, elle crèche dans l’arrière-boutique du nettoyeur de sa meilleure amie (Sonia Vachon) et n’hésite pas à piger dans le linge des clients, le temps d’un souper.
L’argent cause de gros soucis à Chantal. C’est d’ailleurs ce qui l’a envoyée derrière les barreaux : une importante fraude, que les scénaristes déballent par bribes. Un personnage campé par Richard Robitaille détient la clé du mystère, mais je n’en dévoilerai pas davantage, question de ne rien divulgâcher.
Si vous aimez les séries d’Anne Boyer et Michel d’Astous, vous reconnaîtrez dans Ma mère plusieurs de leurs comédiens fétiches, dont Mustapha Aramis et Sylvie-Catherine Beaudoin de L’heure bleue, ainsi que Martin-David Peters de L’homme qui aimait trop. Sans oublier Chantal Fontaine, qui a interprété Julie Davignon dans le téléroman Yamaska pendant sept ans.
Chantal Fontaine et Marilyn Castonguay ressortent clairement dans Ma mère. Elles y incarnent des femmes qui fuient, des femmes meurtries, dépendantes, brillantes, orgueilleuses et farouches, à deux doigts de tomber au fond du précipice. Qui a dit qu’il manquait cruellement de rôles costauds pour des femmes matures à la télé québécoise ? Certainement pas moi.
Maman très chère
Hugo Dumas
Après la décevante production Anna et Arnaud, qui a doucement tiré sa révérence mardi soir, TVA remonte la barre en programmant la poignante minisérie Ma mère, une immersion dans la vie tortueuse d’une femme bipolaire qui sort de prison et dont les démons personnels ne se cachent pas bien, bien loin.
Ça débute le mardi 8 novembre, à 20 h, et c’est du calibre de Mon fils des mêmes auteurs Anne Boyer et Michel d’Astous, qui savent comment écrire des séries intelligentes, sensibles et remuantes, sans se rouler dans le pathos inutile. J’ai beaucoup aimé les deux premiers épisodes — sur un total de six — de cette œuvre qui permet aux actrices Chantal Fontaine et Marilyn Castonguay de déployer tout leur talent.
Ce format court de six heures est génial, soit dit en passant. On ne se tanne pas, on ferme vite des chapitres et on ne s’engage pas dans un processus interminable qui va s’étirer sur sept saisons.
Parenthèse, avant de poursuivre : nul besoin d’avoir vu Mon fils pour embarquer dans Ma mère. Il s’agit de deux histoires différentes brodées autour de la santé mentale. Mon fils décrivait les ravages de la schizophrénie au sein d’une famille unie. Ma mère s’attaque au trouble bipolaire et à ses conséquences dévastatrices sur trois enfants qui ont été élevés par une mère malade et inadéquate.
Un lien unit cependant les deux émissions de TVA : le psychiatre joué par Luc Senay. Il traitait Jacob Fortin (Antoine L’Écuyer) dans Mon fils et il soigne maintenant Chantal Bélanger (excellente Chantal Fontaine) dans Ma mère. Soyez aux aguets pour les « caméos » !
La Chantal de Ma mère est un personnage complexe et exalté, qui en a fait baver à son entourage. On la rencontre au premier épisode à sa sortie de prison, dans une scène de cour intérieure qui évoque Unité 9 et Orange Is the New Black.
Au premier abord, on se dit voilà une femme de 58 ans qui prend ses médicaments et qui paraît sincère dans son désir de repartir sur des bases neuves. On l’aime et l’adopte, cette Chantal Bélanger optimiste, ratoureuse et séductrice.
Ses trois enfants d’âge adulte ne la perçoivent pas comme nous, évidemment. À commencer par l’aînée Valérie (épatante Marilyn Castonguay), dont l’existence a été détruite par l’absence de cette mère bipolaire, menteuse, manipulatrice, narcissique et toxicomane. Accro aux loteries vidéo, Valérie, qui était pourtant destinée à un brillant avenir, en arrache, elle boit et se gèle tous les jours, et ne se relève pas d’un divorce douloureux.
Au deuxième épisode, un punch nous laisse croire que la relation tordue entre Chantal et son aînée Valérie ne s’emmieutera pas, au contraire. Les scènes de confrontation mère-fille, très dures et réalistes, suintent le mépris et la haine. Et même si Chantal et Valérie ne dansent pas le même tango, elles se ressemblent pas mal plus qu’elles ne se l’avouent.
Les deux autres enfants de Chantal, soit la boulangère Justine (Rachel Graton) et l’architecte Éric (Steve Gagnon), accueillent mieux leur maman, tout en se méfiant d’elle. Ce n’est pas la première fois que Chantal leur jure qu’elle est sobre et qu’elle « va se refaire ».
Justine ravale et atteint son point d’ébullition, tandis qu’Éric joue au pacificateur, quitte à se piler sur le cœur. Avec leurs points de vue divergents, les trois enfants de Chantal exposent le dilemme au cœur de Ma mère : faut-il oublier le passé et regarder vers l’avant quand on a été élevé par une maman toxique ?
Pardonner équivaut-il à excuser des comportements déplacés ? La maladie a-t-elle le dos large quand vient le temps de justifier des épisodes douloureux ou blessants ? Cette famille disloquée a besoin d’une thérapie, STAT !
Les deux premiers épisodes montrent que notre Chantal, malgré toute sa bonne volonté, est fragile. Sans le sou, elle crèche dans l’arrière-boutique du nettoyeur de sa meilleure amie (Sonia Vachon) et n’hésite pas à piger dans le linge des clients, le temps d’un souper.
L’argent cause de gros soucis à Chantal. C’est d’ailleurs ce qui l’a envoyée derrière les barreaux : une importante fraude, que les scénaristes déballent par bribes. Un personnage campé par Richard Robitaille détient la clé du mystère, mais je n’en dévoilerai pas davantage, question de ne rien divulgâcher.
Si vous aimez les séries d’Anne Boyer et Michel d’Astous, vous reconnaîtrez dans Ma mère plusieurs de leurs comédiens fétiches, dont Mustapha Aramis et Sylvie-Catherine Beaudoin de L’heure bleue, ainsi que Martin-David Peters de L’homme qui aimait trop. Sans oublier Chantal Fontaine, qui a interprété Julie Davignon dans le téléroman Yamaska pendant sept ans.
Chantal Fontaine et Marilyn Castonguay ressortent clairement dans Ma mère. Elles y incarnent des femmes qui fuient, des femmes meurtries, dépendantes, brillantes, orgueilleuses et farouches, à deux doigts de tomber au fond du précipice. Qui a dit qu’il manquait cruellement de rôles costauds pour des femmes matures à la télé québécoise ? Certainement pas moi.