Publié : ven. févr. 27, 2004 6:59 am
Télévision
TQS retire Fun noir
Hugo Dumas
La Presse
La stratégie de contre-programmation de TQS a échoué. Après avoir déplacé Fun noir à 22h pour séduire l'auditoire des bulletins d'information de TVA et Radio-Canada, le Mouton noir a annoncé hier qu'il retirait temporairement des ondes l'émission humoristique de Normand Brathwaite pour remettre son Grand Journal à 22h, dans un format de 60 minutes.
Fun noir, par ailleurs, ne reviendra pas à l'automne, son contrat n'étant pas renouvelé. Il y a trois semaines, après le départ de Jean Lapierre, TQS a amputé son Grand Journal de 30 minutes et l'a repoussé à 22h30. Fun noir a hérité de la case de 22h, dans l'espoir de d'attirer les gens peu enclins à regarder les journaux télévisés. Les téléspectateurs n'ont pas apprécié ce changement et ont inondé TQS de plaintes.
«Nous avons voulu offrir une programmation différente, mais de toute évidence, ça n'a pas fonctionné. Les gens veulent leurs nouvelles à 22h», dit la porte-parole de TQS, Guylaine O'Farrell.
Dès lundi, Fun noir disparaîtra des ondes, pour reprendre l'antenne du 5 avril jusqu'à la fin juin dans son ancienne case horaire de 19h. Pour combler le départ de Fun noir à 19h, TQS avait programmé une série d'émissions comme Rire et délire, Faut le voir pour le croire et Sans farce. Selon Guylaine O'Farrell, ces émissions attirent des auditoires un peu plus élevés que ceux de la bande à Normand Brathwaite. Elles restent donc à l'antenne. Rappelons que nous sommes présentement en pleine période de sondages BBM, une période cruciale pour les grands réseaux.
Joint hier, Normand Brathwaite a encaissé la nouvelle sans trop d'amertume. «Ça fait trois ans que le show dure et c'était à peu près la durée de vie à laquelle je m'attendais», explique-t-il.
Le changement d'heure a été catastrophique pour les auditoires de Fun noir, qui ont chuté de 360 000 à 19h à environ 125 000 à 22h. «Mettre Fun noir à 22h, ça n'a pas marché du tout. Fun noir, c'est un show que les gens regardent en famille, à 19h, avec les enfants», soutient Normand Brathwaite.
L'animateur souligne qu'en trois ans, a peu près tous les membres de l'Union des artistes ont visité le plateau de Fun noir et à plusieurs reprises. Rendu à ce point, le stock de blagues et de sketches se renouvelle difficilement. «On sentait que l'on avait épuisé la formule. On avait atteint les limites de notre créativité», ajoute le producteur de Zone 3, Michel Bissonnette.
À l'époque, TVA avait déjà programmé Ad lib de Jean-Pierre Coallier contre les nouvelles et la stratégie avait fonctionné.
«Aujourd'hui, les Québécois ont l'habitude d'un bulletin de nouvelles à 22h», remarque Michel Bissonnette.
De son côté, Normand Brathwaite a d'autres projets, dont l'animation de Belle et Bum à Télé-Québec, en plus de son retour à l'émission radiophonique Yé trop de bonne heure sur les ondes de CKOI, prévu cet automne.
Fun noir procure de l'emploi à une quarantaine de personnes.