Publié : ven. oct. 05, 2007 3:03 pm
souvent, on analyse les choix au repêchage du Canadien en dressant d’abord la liste des joueurs qui ont échappé soit au jugement, soit à l’oeil de ses recruteurs.
Par exemple, on a réclamé Jason Ward quand Marian Hossa était en attente. On a sauté sur Cory Urquhart quand Patrice Bergeron était libre. On a préféré David Fisher à Claude Giroux. Et c’est sans compter la bévue qui a retardé la progression de l’organisation de trois à cinq ans quand on a placé Éric Chouinard devant Simon Gagné.
Néanmoins, on ne peut pas nier que des choix erronés, des erreurs de jugement et des gaffes notoires, toutes les équipes en commettent. Le repêchage est une série de coups de dés dans laquelle la chance joue un rôle important.
Parce que la manne du Canadien est nettement meilleure que durant une période noire au cours de laquelle on a fait fausse route 11 fois en 13 ans avec le tout premier choix, on reconnaît de plus en plus ce qui a été accompli au cours des six ou sept dernières années.
Au lieu des bouche-trous avec lesquels on tentait d’acheter du temps, tout en essayant demasquer les erreurs commises au repêchage, ce sont maintenant les jeunes qui se pointent.
On ne s’attardera jamais assez sur la contribution d’André Savard, un ex-directeur général passémaître dans l’art du recrutement. C’est lui qui a stoppé l’hémorragie en mettant de l’ordre dans la façon de voir et de travailler de l’organisation à l’heure du repêchage.
Un an après sa nomination, Mike Komisarek et Tomas Plekanec sont tombés dans les réserves de l’organisation. Avant ces deux acquisitions, l’équipe avait connu deux repêchages totalement futiles, en 1999 et en 2000. Des 22 joueurs repêchés, personne n’est venu participer à l’avenir pressant du Canadien. Pas un seul joueur.
Puis, ce fut Chris Higgins en 2002, un attaquant talentueux qui est de la graine de capitaine, probablement l’attaquant de l’avenir, dont la sélection n’a cependant pas empêché Savard d’être dégommé au profit de Bob Gainey.
Savard, qui avait eu la bonne idée d’arracher Trevor Timmins aux Sénateurs d’Ottawa, a pu poursuivre le travail avec lui et ainsi bien faire paraître son successeur. Après avoir passé plus d’une année à l’extérieur du hockey, Gainey ne jouissait pas de la préparation requise pour orchestrer son premier repêchage en 2003.
La récolte
Bien guidé par ces deux-là, Gainey a réclamé Andrei Kostitsyn et Maxim Lapierre qui ont fait leur entrée l’an dernier, Jaroslav Halak, qui a causé une belle surprise en relève à Cristobal Huet, et Ryan O’Byrne, qui s’est révélé l’une des plus belles surprises du camp d’entraînement.
La séance de 2004 a produit Kyle Chipchura, Mikhail Grabovski et Mark Streit, sans oublier le défenseur Alexei Yemelin, qui a préféré signer un contrat en Russie, mais qu’on attend à Montréal dès l’an prochain.
L’année 2005 a été meilleure encore avec Carey Price, Guillaume Latendresse, Matt D’Agostini et Sergei Kostitsyn.
En 2006, on a réclamé trois joueurs qui ont des chances de se hisser au Centre Bell au cours des prochaines saisons, c’est-à-dire le rapide Ben Maxwell, Mathieu Carle et Pavel Valentenko.
On ne se prononcera pas sur la plus récente cuvée marquée par l’acquisition de joueurs universitaires américains qui sont de purs inconnus pour l’instant. Sans le repêchage de tous ces jeunes qui se verront offrir l’occasion de percer avec le Canadien, l’avenir de l’équipe aurait été catastrophique. Cela n’aurait été qu’une question de temps avant que l’équipe ne joue devant plusieurs centaines de bancs vides.
Je m’explique.
En raison de la nouvelle convention collective, chaque organisation se doit d’utiliser des jeunes qui, en étant peu coûteux, offrent une plus grandemarge de manoeuvre pour faire l’acquisition de joueurs autonomes d’impact.
D’ailleurs, quelques heures après l’élimination des séries, en avril, le président Pierre Boivin avait clairement exprimé la stratégie de l’entreprise dans le cadre d’une entrevue exclusive accordée au Journal de Montréal.
«Pour pouvoir se montrer dynamique sur lemarché des joueurs autonomes, il faut d’abord que 12 à 14 joueurs réguliers de l’équipe soient issus du programme de recrutement et de développement de l’organisation», avait-il expliqué.
C’est facile à comprendre. Plus il y a de petits salariés dans l’équipe, plus il y a de l’espace sous le plafond salarial pour embaucher une ou deux vedettes établies. Malheureusement, si le Canadien progresse avec ses jeunes, il est toujours incapable de convaincre une supervedette de s’établir àMontréal.
Le doute subsiste
Cette saison, bon nombre de joueurs toucheront moins d’un million de dollars : Latendresse, Grabovski,Andrei Kostitsyn, Streit, Gorges, Kostopoulos, Brisebois, Chipchura et Lapierre quand il reviendra.
Deux autres joueurs susceptibles d’être rappelés durant la saison, D’Agostini et Sergei Kostitsyn, seront de petits salariés pendant deux ou trois ans, probablement.
C’est ce qui explique pourquoi Gainey jouit d’une marge demanoeuvre approchant les cinq millions de dollars en vue d’acquisitions éventuelles cette saison.
On met énormément l’accent sur les espoirs de l’organisation. Or, l’espoir n’est pas toujours une garantie de succès. Sur papier, les jeunes ont du talent. Sur une glace de la Ligue nationale, ça reste à être démontré.
Le Canadien, qui n’a pas gagné deux séries de suite depuis 1993, l’année de sa dernière conquête de la coupe Stanley, a souvent fait rêver son public. Jusqu’ici, toutefois, les plus grandes promesses n’ont pas été réalisées.
La concurrence dans l’Association de l’Est s’est donné des armes au cours de l’été. Comme le Canadien a été incapable d’en faire autant, on lui prédit une année de misère.
Gainey a investi pas moins de 9,1 millions de dollars dans quatre joueurs autonomes (Hamrlik, Smolinski, Kostopoulos et Brisebois) qui n’ont pas contribué à changer réellement la face de cette équipe qui a raté les séries.
Il faut souhaiter pour Guy Carbonneau que le personnel mis à sa disposition soit à la hauteur. Une organisation qui annonce autant de jeunes talentueux se doit d’aller de l’avant et non d’être exclue des séries, comme le prédit une fortemajorité d’observateurs.
La graine a été semée par l’administration Savard et par celle de Gainey. Il ne reste plus qu’à la regarder pousser tout en veillant à son développement.
Avec un dollar qui permet maintenant aux formations canadiennes de travailler d’égal à égal avec les équipes américaines, le Canadien est assuré d’engranger une véritable fortune au cours des prochains mois. Tout cela après une augmentation du prix des billets décrétée quelques jours à peine après son élimination.
Les attentes sont donc très élevées. La marmaille de Gainey a besoin d’être bonne.
Par exemple, on a réclamé Jason Ward quand Marian Hossa était en attente. On a sauté sur Cory Urquhart quand Patrice Bergeron était libre. On a préféré David Fisher à Claude Giroux. Et c’est sans compter la bévue qui a retardé la progression de l’organisation de trois à cinq ans quand on a placé Éric Chouinard devant Simon Gagné.
Néanmoins, on ne peut pas nier que des choix erronés, des erreurs de jugement et des gaffes notoires, toutes les équipes en commettent. Le repêchage est une série de coups de dés dans laquelle la chance joue un rôle important.
Parce que la manne du Canadien est nettement meilleure que durant une période noire au cours de laquelle on a fait fausse route 11 fois en 13 ans avec le tout premier choix, on reconnaît de plus en plus ce qui a été accompli au cours des six ou sept dernières années.
Au lieu des bouche-trous avec lesquels on tentait d’acheter du temps, tout en essayant demasquer les erreurs commises au repêchage, ce sont maintenant les jeunes qui se pointent.
On ne s’attardera jamais assez sur la contribution d’André Savard, un ex-directeur général passémaître dans l’art du recrutement. C’est lui qui a stoppé l’hémorragie en mettant de l’ordre dans la façon de voir et de travailler de l’organisation à l’heure du repêchage.
Un an après sa nomination, Mike Komisarek et Tomas Plekanec sont tombés dans les réserves de l’organisation. Avant ces deux acquisitions, l’équipe avait connu deux repêchages totalement futiles, en 1999 et en 2000. Des 22 joueurs repêchés, personne n’est venu participer à l’avenir pressant du Canadien. Pas un seul joueur.
Puis, ce fut Chris Higgins en 2002, un attaquant talentueux qui est de la graine de capitaine, probablement l’attaquant de l’avenir, dont la sélection n’a cependant pas empêché Savard d’être dégommé au profit de Bob Gainey.
Savard, qui avait eu la bonne idée d’arracher Trevor Timmins aux Sénateurs d’Ottawa, a pu poursuivre le travail avec lui et ainsi bien faire paraître son successeur. Après avoir passé plus d’une année à l’extérieur du hockey, Gainey ne jouissait pas de la préparation requise pour orchestrer son premier repêchage en 2003.
La récolte
Bien guidé par ces deux-là, Gainey a réclamé Andrei Kostitsyn et Maxim Lapierre qui ont fait leur entrée l’an dernier, Jaroslav Halak, qui a causé une belle surprise en relève à Cristobal Huet, et Ryan O’Byrne, qui s’est révélé l’une des plus belles surprises du camp d’entraînement.
La séance de 2004 a produit Kyle Chipchura, Mikhail Grabovski et Mark Streit, sans oublier le défenseur Alexei Yemelin, qui a préféré signer un contrat en Russie, mais qu’on attend à Montréal dès l’an prochain.
L’année 2005 a été meilleure encore avec Carey Price, Guillaume Latendresse, Matt D’Agostini et Sergei Kostitsyn.
En 2006, on a réclamé trois joueurs qui ont des chances de se hisser au Centre Bell au cours des prochaines saisons, c’est-à-dire le rapide Ben Maxwell, Mathieu Carle et Pavel Valentenko.
On ne se prononcera pas sur la plus récente cuvée marquée par l’acquisition de joueurs universitaires américains qui sont de purs inconnus pour l’instant. Sans le repêchage de tous ces jeunes qui se verront offrir l’occasion de percer avec le Canadien, l’avenir de l’équipe aurait été catastrophique. Cela n’aurait été qu’une question de temps avant que l’équipe ne joue devant plusieurs centaines de bancs vides.
Je m’explique.
En raison de la nouvelle convention collective, chaque organisation se doit d’utiliser des jeunes qui, en étant peu coûteux, offrent une plus grandemarge de manoeuvre pour faire l’acquisition de joueurs autonomes d’impact.
D’ailleurs, quelques heures après l’élimination des séries, en avril, le président Pierre Boivin avait clairement exprimé la stratégie de l’entreprise dans le cadre d’une entrevue exclusive accordée au Journal de Montréal.
«Pour pouvoir se montrer dynamique sur lemarché des joueurs autonomes, il faut d’abord que 12 à 14 joueurs réguliers de l’équipe soient issus du programme de recrutement et de développement de l’organisation», avait-il expliqué.
C’est facile à comprendre. Plus il y a de petits salariés dans l’équipe, plus il y a de l’espace sous le plafond salarial pour embaucher une ou deux vedettes établies. Malheureusement, si le Canadien progresse avec ses jeunes, il est toujours incapable de convaincre une supervedette de s’établir àMontréal.
Le doute subsiste
Cette saison, bon nombre de joueurs toucheront moins d’un million de dollars : Latendresse, Grabovski,Andrei Kostitsyn, Streit, Gorges, Kostopoulos, Brisebois, Chipchura et Lapierre quand il reviendra.
Deux autres joueurs susceptibles d’être rappelés durant la saison, D’Agostini et Sergei Kostitsyn, seront de petits salariés pendant deux ou trois ans, probablement.
C’est ce qui explique pourquoi Gainey jouit d’une marge demanoeuvre approchant les cinq millions de dollars en vue d’acquisitions éventuelles cette saison.
On met énormément l’accent sur les espoirs de l’organisation. Or, l’espoir n’est pas toujours une garantie de succès. Sur papier, les jeunes ont du talent. Sur une glace de la Ligue nationale, ça reste à être démontré.
Le Canadien, qui n’a pas gagné deux séries de suite depuis 1993, l’année de sa dernière conquête de la coupe Stanley, a souvent fait rêver son public. Jusqu’ici, toutefois, les plus grandes promesses n’ont pas été réalisées.
La concurrence dans l’Association de l’Est s’est donné des armes au cours de l’été. Comme le Canadien a été incapable d’en faire autant, on lui prédit une année de misère.
Gainey a investi pas moins de 9,1 millions de dollars dans quatre joueurs autonomes (Hamrlik, Smolinski, Kostopoulos et Brisebois) qui n’ont pas contribué à changer réellement la face de cette équipe qui a raté les séries.
Il faut souhaiter pour Guy Carbonneau que le personnel mis à sa disposition soit à la hauteur. Une organisation qui annonce autant de jeunes talentueux se doit d’aller de l’avant et non d’être exclue des séries, comme le prédit une fortemajorité d’observateurs.
La graine a été semée par l’administration Savard et par celle de Gainey. Il ne reste plus qu’à la regarder pousser tout en veillant à son développement.
Avec un dollar qui permet maintenant aux formations canadiennes de travailler d’égal à égal avec les équipes américaines, le Canadien est assuré d’engranger une véritable fortune au cours des prochains mois. Tout cela après une augmentation du prix des billets décrétée quelques jours à peine après son élimination.
Les attentes sont donc très élevées. La marmaille de Gainey a besoin d’être bonne.