Publié : dim. févr. 05, 2006 6:42 am
La métamorphose olympique de Turin
Marie Allard
La Presse
Turin
Après avoir passé 100 ans à roupiller dans l'usine automobile de Fiat, la Belle au bois dormant qu'est Turin s'est réveillée. Sortie de sa torpeur par un baiser du prince Olympique, elle compte sur lui pour faire connaître ses charmes au monde entier. Et tant pis si sa nouvelle toilette n'est pas tout à fait terminée... À cinq jours de l'ouverture des XXe Jeux olympiques d'hiver, La Presse dresse le portrait de la métamorphose de cette ville du nord-ouest de l'Italie.
Le soleil brille sur Turin et les jeunes couples se baladent sous les 18 kilomètres d'arcades qui enjolivent le centre-ville. Impossible pour eux d'aller admirer le Palazzo Madama, un palais baroque situé au coeur de Turin. La place Castello, sur laquelle il trône, est fermée aux badauds. Seuls des ouvriers, casques protecteurs sur la tête, vont et viennent avec les matériaux nécessaires pour construire le podium où seront remises les médailles. Quand les grilles s'ouvrent pour laisser passer un camion, on s'aperçoit qu'ils montent en fait une gigantesque scène digne d'un spectacle rock, avec deux écrans géants et un toit métallique.
À peine 200 mètres plus au sud, sur la place San Carlo, le télédiffuseur américain NBC a déjà monté son chapiteau. Heureusement que les présentateurs n'ont pas commencé leur travail, parce qu'ils seraient enterrés par le bruit des pelles mécaniques qui s'activent juste à côté. Une partie des pavés gris qui recouvrent normalement la place sont encore empilés, ici et là, en attendant la fin des travaux.
Turin n'a pas encore fini sa toilette pré-olympique. " Elle fait les derniers ajustements à sa cravate avant d'aller à une fête ", répète ces dernières semaines Valentino Castellani, président du comité olympique de Torino 2006. Il s'est fait encore plus rassurant en marge d'une conférence de presse donnée vendredi. " Turin est prêt, puisque nos principaux problèmes sont maintenant résolus, a-t-il dit à Reuters et à La Presse. Comme d'habitude en cette période précédant les Jeux, nous réglons actuellement des centaines de détails pour assurer la qualité de l'événement. À voir le travail qui se fait, je suis confiant que nous allons offrir d'excellents Jeux. "
Ville de 900 000 habitants, Torino, comme disent les Italiens, veut profiter des Jeux pour montrer son nouveau visage au monde. " C'est la première fois que les Jeux d'hiver ont lieu dans une grande ville ", a souligné à La Presse Elda Tessore, la chaleureuse adjointe du maire de Turin.
" Ils sont très importants pour nous, puisqu'ils vont témoigner de la profonde transformation de la ville. Turin a longtemps eu l'image d'une ville industrielle grise, morte, lourde. Pourtant, notre ville est belle, elle a beaucoup d'histoire, une architecture merveilleuse et une personnalité joyeuse, puisqu'on y trouve beaucoup de restaurants, de bars et de vie nocturne. "
La capitale du Piémont n'a pas le choix de tourner le dos au fabricant automobile Fiat, qui l'a longtemps fait vivre. Entre 1961 et 2001, cet employeur, jadis maître de la ville, a divisé par 10 son nombre d'employés, selon l'Agence France-Presse. " De ville industrielle, la plus importante d'Italie, Turin devient une ville dont le développement ne dépend plus seulement de la Fiat, mais aussi des hautes technologies, du tourisme et de la formation ", a expliqué Mme Tessore.
" Depuis deux ans, la ville s'est transformée en chantier géant, même si la situation est maintenant plus calme, témoigne Johanne Lortie, une Québécoise qui vit là-bas. Se déplacer en voiture demandait une certaine imagination, une excellente connaissance de la ville et un non-respect du code de la route! " Épuisée de conduire dans ces conditions, Mme Lortie se déplace désormais en vélo, à ses " risques et périls ", précise-t-elle.
Au total, on a dénombré 1500 chantiers ces dernières années. " Turin devait redorer son blason ", affirme Roberto Tassinario, un ex-Turinois venu s'installer à Montréal il y a deux ans, après avoir rencontré une Québécoise. " Jusqu'à maintenant, Turin n'avait pas de métro. Il faut dire que la ville ne compte que le tiers de la population de la région métropolitaine de Montréal. "
Les Jeux y seront magnifiques, estime-t-il. " Avec les Alpes majestueuses juste à côté, Turin est un lieu idéal pour les Jeux olympiques d'hiver. Oui, c'est une ville très réservée, qui vit beaucoup dans ses beaux cafés et dont les habitants ne sont pas chaleureux par rapport aux autres Italiens. Mais la ville se convertit, vit maintenant de l'offre de services et de la technologie. Quand on la découvre, on est charmé par son élégance, son fleuve, les vues qu'elle offre... La nostalgie me reprend! "
TORINO 2006 EN CHIFFRES
- 2500 athlètes
- 1026 médailles olympiques
- 650 juges et arbitres
- 17 jours de compétition : du 10 au 26 février.
- 15 disciplines : biathlon, bobsleigh, combiné nordique (saut à ski et ski de fond), curling, hockey, luge, patinage artistique, patinage de vitesse, patinage de vitesse sur courte piste, saut à ski, skeleton (luge tête première), ski acrobatique, ski de fond, surf des neiges.
- Sept villes : Torino, Bardonecchia, Cesana, Pinerolo, Pragelato, Sauze d'Oulx, Sestriere.
- Deux épreuves supprimées : ski de fond 50 km classique (hommes) et 30km (dames).
Sources : Torino 2006 et AFP --Message edité par tuberale le 2006-02-06 08:37:25--
Marie Allard
La Presse
Turin
Après avoir passé 100 ans à roupiller dans l'usine automobile de Fiat, la Belle au bois dormant qu'est Turin s'est réveillée. Sortie de sa torpeur par un baiser du prince Olympique, elle compte sur lui pour faire connaître ses charmes au monde entier. Et tant pis si sa nouvelle toilette n'est pas tout à fait terminée... À cinq jours de l'ouverture des XXe Jeux olympiques d'hiver, La Presse dresse le portrait de la métamorphose de cette ville du nord-ouest de l'Italie.
Le soleil brille sur Turin et les jeunes couples se baladent sous les 18 kilomètres d'arcades qui enjolivent le centre-ville. Impossible pour eux d'aller admirer le Palazzo Madama, un palais baroque situé au coeur de Turin. La place Castello, sur laquelle il trône, est fermée aux badauds. Seuls des ouvriers, casques protecteurs sur la tête, vont et viennent avec les matériaux nécessaires pour construire le podium où seront remises les médailles. Quand les grilles s'ouvrent pour laisser passer un camion, on s'aperçoit qu'ils montent en fait une gigantesque scène digne d'un spectacle rock, avec deux écrans géants et un toit métallique.
À peine 200 mètres plus au sud, sur la place San Carlo, le télédiffuseur américain NBC a déjà monté son chapiteau. Heureusement que les présentateurs n'ont pas commencé leur travail, parce qu'ils seraient enterrés par le bruit des pelles mécaniques qui s'activent juste à côté. Une partie des pavés gris qui recouvrent normalement la place sont encore empilés, ici et là, en attendant la fin des travaux.
Turin n'a pas encore fini sa toilette pré-olympique. " Elle fait les derniers ajustements à sa cravate avant d'aller à une fête ", répète ces dernières semaines Valentino Castellani, président du comité olympique de Torino 2006. Il s'est fait encore plus rassurant en marge d'une conférence de presse donnée vendredi. " Turin est prêt, puisque nos principaux problèmes sont maintenant résolus, a-t-il dit à Reuters et à La Presse. Comme d'habitude en cette période précédant les Jeux, nous réglons actuellement des centaines de détails pour assurer la qualité de l'événement. À voir le travail qui se fait, je suis confiant que nous allons offrir d'excellents Jeux. "
Ville de 900 000 habitants, Torino, comme disent les Italiens, veut profiter des Jeux pour montrer son nouveau visage au monde. " C'est la première fois que les Jeux d'hiver ont lieu dans une grande ville ", a souligné à La Presse Elda Tessore, la chaleureuse adjointe du maire de Turin.
" Ils sont très importants pour nous, puisqu'ils vont témoigner de la profonde transformation de la ville. Turin a longtemps eu l'image d'une ville industrielle grise, morte, lourde. Pourtant, notre ville est belle, elle a beaucoup d'histoire, une architecture merveilleuse et une personnalité joyeuse, puisqu'on y trouve beaucoup de restaurants, de bars et de vie nocturne. "
La capitale du Piémont n'a pas le choix de tourner le dos au fabricant automobile Fiat, qui l'a longtemps fait vivre. Entre 1961 et 2001, cet employeur, jadis maître de la ville, a divisé par 10 son nombre d'employés, selon l'Agence France-Presse. " De ville industrielle, la plus importante d'Italie, Turin devient une ville dont le développement ne dépend plus seulement de la Fiat, mais aussi des hautes technologies, du tourisme et de la formation ", a expliqué Mme Tessore.
" Depuis deux ans, la ville s'est transformée en chantier géant, même si la situation est maintenant plus calme, témoigne Johanne Lortie, une Québécoise qui vit là-bas. Se déplacer en voiture demandait une certaine imagination, une excellente connaissance de la ville et un non-respect du code de la route! " Épuisée de conduire dans ces conditions, Mme Lortie se déplace désormais en vélo, à ses " risques et périls ", précise-t-elle.
Au total, on a dénombré 1500 chantiers ces dernières années. " Turin devait redorer son blason ", affirme Roberto Tassinario, un ex-Turinois venu s'installer à Montréal il y a deux ans, après avoir rencontré une Québécoise. " Jusqu'à maintenant, Turin n'avait pas de métro. Il faut dire que la ville ne compte que le tiers de la population de la région métropolitaine de Montréal. "
Les Jeux y seront magnifiques, estime-t-il. " Avec les Alpes majestueuses juste à côté, Turin est un lieu idéal pour les Jeux olympiques d'hiver. Oui, c'est une ville très réservée, qui vit beaucoup dans ses beaux cafés et dont les habitants ne sont pas chaleureux par rapport aux autres Italiens. Mais la ville se convertit, vit maintenant de l'offre de services et de la technologie. Quand on la découvre, on est charmé par son élégance, son fleuve, les vues qu'elle offre... La nostalgie me reprend! "
TORINO 2006 EN CHIFFRES
- 2500 athlètes
- 1026 médailles olympiques
- 650 juges et arbitres
- 17 jours de compétition : du 10 au 26 février.
- 15 disciplines : biathlon, bobsleigh, combiné nordique (saut à ski et ski de fond), curling, hockey, luge, patinage artistique, patinage de vitesse, patinage de vitesse sur courte piste, saut à ski, skeleton (luge tête première), ski acrobatique, ski de fond, surf des neiges.
- Sept villes : Torino, Bardonecchia, Cesana, Pinerolo, Pragelato, Sauze d'Oulx, Sestriere.
- Deux épreuves supprimées : ski de fond 50 km classique (hommes) et 30km (dames).
Sources : Torino 2006 et AFP --Message edité par tuberale le 2006-02-06 08:37:25--