Publié : mar. févr. 13, 2007 5:33 am
Le mardi 13 février 2007
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Le premier ministre Stephen Harper et son chat Cheddar.
Photo: site Internet de Stephen Harper
Pensionnaires à poil au 24, Sussex
Louise Leduc
La Presse
Que fait ce petit chat sur le site Internet officiel du premier ministre du Canada et pourquoi y est-il plus en évidence que le message d'appui aux troupes canadiennes en Afghanistan?
C'est que le 24, Sussex sert de foyer d'accueil à quantité de petits félins et que Stephen Harper a choisi de faire connaître son appui à une cause qui lui est particulièrement chère. Le programme de préadoption de la SPCA trouve ainsi sur le site du premier ministre une vitrine de choix : le programme est expliqué, et les numéros de téléphone des SPCA de toutes les provinces sont affichés. Le premier ministre entend-il épouser d'autres causes ? Dans quelles limites peut-il servir de porte-étendard ? Peut-on l'imaginer épouser la cause de refuges pour femmes battues, d'enfants malades, ou encore, s'il préfère rester dans le règne animal, promouvoir la survie de l'ours polaire que l'on dit menacé d'extinction ?
Au bureau du premier ministre, toute question sur le sujet est redirigée à la SPCA d'Ottawa. La porte-parole de la SPCA, Tara Jackson, explique que Stephen Harper et sa femme ont hébergé jusqu'ici une vingtaine de chats, en plus de leurs deux félins en résidence. Parfois, ce sont des portées entières à sevrer, parfois, des petits minous malades à remettre sur pattes.
«Nous n'avons pas demandé aux Harper de promouvoir le programme, ils l'ont fait d'eux-mêmes. Bien sûr, ils nous offrent une visibilité de choix, mais pour nous, les Harper ne représentent que l'une de nos nombreuses familles d'accueil», dit Mme Jackson.
«C'est un beau geste de M. Harper, dit Pierre Barnotti, directeur général de la SPCA, à Mont-réal. On dirait qu'en général, les Québécois ont peur de dire leur amour des animaux, comme si cela risquait des les faire passer pour des faiblards. Pourtant, en France, l'acteur Jean-Paul Belmondo n'hésite pas à saluer son public avec ses deux chiens sur scène. Moi, j'aimerais bien voir un politicien du Québec ou un ministre de l'Agriculture déclarer publiquement son amour pour son chien ou son chat.»
Peut-on imaginer Jean Charest avec un petit chien dans son site Internet ? Impensable : Jean Charest n'a ni chat ni chien, et c'est heureux, parce que sa femme et lui sont appelés à voyager beaucoup, répond Hugo D'Amours, attaché de presse du premier ministre.
La superstition du labrador
À l'approche d'élections, peut-être Jean Charest devrait-il cependant reconsidérer cette décision, à entendre le vétérinaire montréalais d'origine française François Lubrina. Il signale à ce propos cette «superstition du labrador» qui fait en sorte que depuis Georges Pompidou, tous les présidents français sans exception ont eu leur labrador, convaincus que ça leur porterait chance.
Cette superstition est à ce point ancrée, dit le coloré vétérinaire, que «pour casser l'ambition politique de son ministre Jacques Chirac, Giscard d'Estaing lui avait offert un braque d'Auvergne», plutôt que le labrador porte-bonheur...
«Les animaux ont toujours eu la cote auprès des gens de pouvoir, aussi bien auprès des rois et reines - songez aux corgies d'Élisabeth d'Angleterre - qu'auprès des politiciens. Et ça n'a rien d'étonnant : ces gens-là savent que les bêtes seront les seules à ne jamais les trahir.»
Au surplus, un animal, «ça décrispe le protocole», dit François Lubrina. «Au Sommet de Québec, en 1987, le labrador de Chirac a volé la vedette!»
Songeons-y un peu : une fois les dossiers politiques réglés, qu'ont à se raconter des chefs d'État qui se voient dans certains cas une seule fois par année, au mieux ? Un animal, ça vous épargne une discussion météo, vite fait bien fait. Viens, pitou, pitou, pitou.
«De tous les présidents français, François Mitterrand, avec ses deux ânes mais surtout avec ses chiens adorés, a sans doute été celui qui a le plus aimé les animaux, dit François Lubrina. D'ailleurs, à ses funérailles, au même titre que le cortège de veuves et d'enfants (naturels ou pas), le chien de Mitterrand suivait le corbillard, à Jarnac.»
Le docteur Lubrina ne sait pas si Ségolène Royal a un chien, «mais je peux cependant vous confirmer que Nicolas Sarkozy, qui a un jeune enfant, a un gentil petit lapin dans le jardin du ministère de l'Intérieur. Un lapin prénommé Pinpin. Et pour information, Gérald Tremblay, lui, a deux siamois.» Voilà, nous savons tout.
François Lubrina ne s'attendait pas du tout, par contre, à ce que Stephen Harper soit si «chat». «C'est quand même surprenant quand on a en mémoire cette image de lui, nouvellement élu, accompagnant ses enfants à l'école et leur serrant froidement la main au lieu de les embrasser.»
Pour ceux qui se posaient la question, l'histoire ne dit pas si les chats Harper sont dégriffés ni dans quelle mesure ils laissent un souvenir impérissable sur le mobilier du 24, Sussex.
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Le premier ministre Stephen Harper et son chat Cheddar.
Photo: site Internet de Stephen Harper
Pensionnaires à poil au 24, Sussex
Louise Leduc
La Presse
Que fait ce petit chat sur le site Internet officiel du premier ministre du Canada et pourquoi y est-il plus en évidence que le message d'appui aux troupes canadiennes en Afghanistan?
C'est que le 24, Sussex sert de foyer d'accueil à quantité de petits félins et que Stephen Harper a choisi de faire connaître son appui à une cause qui lui est particulièrement chère. Le programme de préadoption de la SPCA trouve ainsi sur le site du premier ministre une vitrine de choix : le programme est expliqué, et les numéros de téléphone des SPCA de toutes les provinces sont affichés. Le premier ministre entend-il épouser d'autres causes ? Dans quelles limites peut-il servir de porte-étendard ? Peut-on l'imaginer épouser la cause de refuges pour femmes battues, d'enfants malades, ou encore, s'il préfère rester dans le règne animal, promouvoir la survie de l'ours polaire que l'on dit menacé d'extinction ?
Au bureau du premier ministre, toute question sur le sujet est redirigée à la SPCA d'Ottawa. La porte-parole de la SPCA, Tara Jackson, explique que Stephen Harper et sa femme ont hébergé jusqu'ici une vingtaine de chats, en plus de leurs deux félins en résidence. Parfois, ce sont des portées entières à sevrer, parfois, des petits minous malades à remettre sur pattes.
«Nous n'avons pas demandé aux Harper de promouvoir le programme, ils l'ont fait d'eux-mêmes. Bien sûr, ils nous offrent une visibilité de choix, mais pour nous, les Harper ne représentent que l'une de nos nombreuses familles d'accueil», dit Mme Jackson.
«C'est un beau geste de M. Harper, dit Pierre Barnotti, directeur général de la SPCA, à Mont-réal. On dirait qu'en général, les Québécois ont peur de dire leur amour des animaux, comme si cela risquait des les faire passer pour des faiblards. Pourtant, en France, l'acteur Jean-Paul Belmondo n'hésite pas à saluer son public avec ses deux chiens sur scène. Moi, j'aimerais bien voir un politicien du Québec ou un ministre de l'Agriculture déclarer publiquement son amour pour son chien ou son chat.»
Peut-on imaginer Jean Charest avec un petit chien dans son site Internet ? Impensable : Jean Charest n'a ni chat ni chien, et c'est heureux, parce que sa femme et lui sont appelés à voyager beaucoup, répond Hugo D'Amours, attaché de presse du premier ministre.
La superstition du labrador
À l'approche d'élections, peut-être Jean Charest devrait-il cependant reconsidérer cette décision, à entendre le vétérinaire montréalais d'origine française François Lubrina. Il signale à ce propos cette «superstition du labrador» qui fait en sorte que depuis Georges Pompidou, tous les présidents français sans exception ont eu leur labrador, convaincus que ça leur porterait chance.
Cette superstition est à ce point ancrée, dit le coloré vétérinaire, que «pour casser l'ambition politique de son ministre Jacques Chirac, Giscard d'Estaing lui avait offert un braque d'Auvergne», plutôt que le labrador porte-bonheur...
«Les animaux ont toujours eu la cote auprès des gens de pouvoir, aussi bien auprès des rois et reines - songez aux corgies d'Élisabeth d'Angleterre - qu'auprès des politiciens. Et ça n'a rien d'étonnant : ces gens-là savent que les bêtes seront les seules à ne jamais les trahir.»
Au surplus, un animal, «ça décrispe le protocole», dit François Lubrina. «Au Sommet de Québec, en 1987, le labrador de Chirac a volé la vedette!»
Songeons-y un peu : une fois les dossiers politiques réglés, qu'ont à se raconter des chefs d'État qui se voient dans certains cas une seule fois par année, au mieux ? Un animal, ça vous épargne une discussion météo, vite fait bien fait. Viens, pitou, pitou, pitou.
«De tous les présidents français, François Mitterrand, avec ses deux ânes mais surtout avec ses chiens adorés, a sans doute été celui qui a le plus aimé les animaux, dit François Lubrina. D'ailleurs, à ses funérailles, au même titre que le cortège de veuves et d'enfants (naturels ou pas), le chien de Mitterrand suivait le corbillard, à Jarnac.»
Le docteur Lubrina ne sait pas si Ségolène Royal a un chien, «mais je peux cependant vous confirmer que Nicolas Sarkozy, qui a un jeune enfant, a un gentil petit lapin dans le jardin du ministère de l'Intérieur. Un lapin prénommé Pinpin. Et pour information, Gérald Tremblay, lui, a deux siamois.» Voilà, nous savons tout.
François Lubrina ne s'attendait pas du tout, par contre, à ce que Stephen Harper soit si «chat». «C'est quand même surprenant quand on a en mémoire cette image de lui, nouvellement élu, accompagnant ses enfants à l'école et leur serrant froidement la main au lieu de les embrasser.»
Pour ceux qui se posaient la question, l'histoire ne dit pas si les chats Harper sont dégriffés ni dans quelle mesure ils laissent un souvenir impérissable sur le mobilier du 24, Sussex.