Un psy pour votre chat ?

La section Nature du DB ! Pour discuter, s'échanger des trucs et demander des conseils sur nos amis les animaux, les fleurs, les plantes... c'est l'endroit !
Avatar de l’utilisateur
tuberale
Intronisé au Panthéon
Messages : 49842
Inscription : sam. nov. 08, 2003 1:00 am

Message par tuberale »

Un psy pour votre chat ?

Catherine Gauthier

Collaboration spéciale, Le Soleil

Québec





On dit que le chien est le meilleur ami de l'homme. Et le chat, lui, on l'oublie ? De nos jours pourtant, les habitants des pays industrialisés sont de plus en plus nombreux à adopter un chat comme animal de compagnie ; il y en aurait environ 150 millions parmi nous. Mais le chat et l'homme sont-ils faits pour vivre ensemble ? Votre chat est-il heureux en votre compagnie ? Ou peut-être aurait-il besoin d'un psy ?


Joël Dehasse est vétérinaire-psychologue et pratique depuis plusieurs années en Belgique. Pour aider les maîtres à entretenir la meilleure relation possible avec leur petite boule de poil, le spécialiste européen vient de publier Tout sur la psychologie du chat, une bible qui analyse en profondeur les comportements et les émotions du chat.

« Les gens sont parfois étonnés lorsqu'on parle de consultations chez le psy pour le chat, confie l'auteur, lui-même propriétaire de chats. Certains pensent qu'on va mettre l'animal sur un divan et qu'on va commencer à parler avec lui, ajoute-t-il en riant. Ce qu'on fait plutôt, c'est qu'on observe le chat sur des vidéos, et on discute avec les maîtres. Parce que souvent, eux ont observé l'animal sans véritablement le savoir, et peuvent très bien décrire ses comportements. »

Le chat fait du bien à l'homme, tout comme l'homme contribue au bonheur du chat de maison. Pourtant, il y a des siècles, le chat ne vivait qu'à l'état sauvage. Et dans une maison, ou pire encore dans un appartement, il n'a d'autre choix que de s'adapter au mode de vie de ses maîtres humains.



« Le chat est un miroir différent pour l'homme, un miroir de liberté, affirme le docteur Dehasse. Le chat fait ce qu'il veut, quand il veut et c'est un modèle pour l'humain, qui aimerait vivre comme le chat, avec cette entière liberté. »

Mais votre chat est-il heureux ? « En général, le chat arrive à trouver son bonheur, peu importe où il vit », dit l'auteur. Mais pour améliorer son bien-être – et celui des humains qui l'entourent — il faut mieux le comprendre. « Les psy pour les chats travaillent avec les gens pour qu'ils apprennent à mieux connaître leur animal, ajoute Joël Dehasse. Avant, on ne pensait pas aux problèmes relationnels et pourtant, ils sont très importants. »

Dans son guide, le vétérinaire psy veut faire découvrir aux maîtres que le chat a lui aussi des humeurs, des perceptions qui relèvent directement de la psychologie. Ainsi, si votre chat vous mange les chevilles, c'est peut-être parce qu'il manque d'activités physiques dans votre petit 3 1/2 situé en plein cœur du centre-ville. « J'essaie de faire comprendre aux gens que le chat ressent lui aussi des émotions, explique l'auteur. Mais les gens ne voient et ne comprennent que ce qu'ils connaissent. Donc, pour qu'ils comprennent les émotions chez le chat, je dois leur parler de leurs propres émotions, et expliquer ensuite comment elles se retrouvent aussi chez leur animal de compagnie. Car le chat peut lui aussi être stressé, anxieux, en colère ou même avoir hérité d'une personnalité explosive. »

Ensuite, viennent les conseils pratiques. « Une fois qu'on a bien analysé la séance comportementale du chat, on peut agir, affirme Joël Dehasse. Si le psychologue a identifié un manque d'activités physiques, parce que le chat en est un d'appartement, alors il faut tenter de modifier son environnement. » Par exemple, il ne suffit parfois que d'ajouter un tapis de jeu pour son compagnon, ou un arbre à chat sur lequel il peut s'amuser, avec ou sans son maître.

Du prozac pour son chat ?

Parfois, la seule façon de modifier le comportement du chat, pour faire plaisir à son maître, est de lui prescrire des médicaments. « Si l'humain ne veut rien changer pour satisfaire les besoins innés du chat, alors l'animal sera malheureux, poursuit Joël Dehasse. Il faudra donc lui donner des médicaments, des antidépresseurs. » Le vétérinaire psy peut même prescrire du prozac au chat dépressif. « En plus petite dose, évidemment, puisque le chat est plus petit que l'humain. Mais ce n'est pas nécessairement pour toujours ; ce qu'on cherche, c'est la stabilisation. » Car en bout de ligne, la thérapie vise à donner un confort de vie au propriétaire. Le maître aime son chat, mais n'aime pas qu'il brise ses meubles, ou qu'il mette son domicile sans dessus dessous. « Pour le chat, c'est naturel de bouger, ou de faire un marquage urinaire, explique l'auteur. Mais cela nuit souvent à la bonne relation avec son maître. »

Avant de consulter un psy, mieux vaut lire le bouquin du spécialiste. « Je l'ai écrit pour conscientiser les gens », dit-il. Car les mythes sont nombreux. « On croit bien connaître notre chat, mais ce n'est pas toujours le cas. »

Le ronronnement par exemple, n'a peut-être pas la signification qu'on pense. « La croyance populaire veut que le chat ronronne parce qu'il se sent bien et en confiance, ajoute Joël Dehasse. Pourtant, j'ai vu des chats ronronner lorsqu'ils étaient sur la table d'opération, ou lorsqu'ils étaient mourants. » Il s'agit donc peut-être d'un mode de communication pour lui-même, qui sait ? « On a aussi cru que les chats ronronnaient pour communiquer avec l'humain, dit l'auteur. Mais c'est peut-être plutôt pour son propre bien-être, comme si la vibration agissait sur lui comme un effet thérapeutique. »

Difficile de dire véritablement ce qu'il en est, puisque le chat ne parle pas le langage de l'homme. Ce qu'on sait toutefois, c'est que ça brise les mythes et peut attrister les maîtres, qui croient que leur chat ronronne pour dire qu'il est bien. Au fond, même si le chat ressemble en certains points à l'homme, parce qu'il est hédoniste et pense à lui en premier, il reste énigmatique. « Malgré toutes les recherches et observations, le chat reste un mystère, concède Joël Dehasse. On le comprend un peu mieux chaque jour, mais il faut continuer à y travailler, et à l'observer. C'est à ça que sert le bouquin. Et mieux on le comprend, mieux on peut l'aimer et mieux il nous aimera. »
Répondre

Revenir à « LE BIODÔME »