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[Earendil]

Les vagues géantes seraient plus fréquentes que l'on croit

Randolph Schmid

Associated Press

Washington

Peu de marins les ont vues mais les vagues géantes d'une trentaine de mètres de haut ne sont pas exceptionnelles lors des ouragans, affirme une étude américaine publiée vendredi dans la revue Science.

Lors du passage de l'ouragan Ivan au large de la côte sud des États-Unis l'an dernier, les chercheurs ont mesuré une vague de 27 mètres de haut grâce à de nouveaux instruments posés sur le plancher océanique. Ce pourrait être l'une des plus grandes dont la hauteur ait jamais été calculée lors d'une tempête.

«Nos résultats indiquent que les vagues de plus de 27 mètres ne sont pas des vagues scélérates et sont en fait assez répandues durant les ouragans», souligne l'auteur de l'étude, David Wang, du Laboratoire de recherche navale au Centre spatial Stennis dans le Mississippi.

La lame de 27 mètres a été détectée par des instruments qui mesurent la pression de l'eau au-dessus d'eux. En utilisant les données recueillies, les scientifiques peuvent calculer la hauteur des vagues depuis la base jusqu'à la crête.

Le 15 septembre dernier, alors qu'Ivan passait à 120 kilomètres au sud de Gulfport, les instruments ont mesuré 146 grandes vagues, dont 24 de plus de 15 mètres ainsi que celle de 27 mètres, souligne David Wang. La vague géante n'a pas atteint la côte. Contrairement à un tsunami, elle s'est formée à la surface sous l'effet du vent. Les navires cherchant à éviter les cyclones, ces grandes vagues sont rarement observées et encore moins mesurées.


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Les scientifiques de l'Administration américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA) utilisent une méthode différente pour calculer la hauteur des vagues, reposant sur des bouées en mer.

Hendrik Tolman, un expert de la NOAA, n'est pas étonné de la hauteur de la vague mesurée lors du passage d'Ivan. Les océanographes se réfèrent en général à une «hauteur de vague significative», une moyenne calculée en prenant comme base un tiers des vagues, et pas n'importe lesquelles, celles qui sont les plus hautes.

La hauteur de vague significative la plus élevée relevée durant l'ouragan Ivan était de 16 mètres selon la NOAA et de 17 mètres pour l'équipe Wang. Lors d'une tempête de courte durée comme Ivan, une vague mesurant au maximum deux fois cette moyenne peut se former, souligne Hendrik Tolman.

De son côté, David Wang précise que la vague de 27 mètres dépasse celles qui ont pu être mesurées dans d'autres violentes tempêtes. L'étude pourrait être un bon point de départ pour intensifier les recherches sur la hauteur des vagues alors que les experts prédisent le maintien d'une forte activité des ouragans dans les prochaines années, note-t-il.

Mardi, les météorologues américains ont revu à la hausse leurs prévisions de tempêtes tropicales pour l'année. Il y en a déjà eu huit suffisamment importantes pour avoir reçu un nom, et il pourrait s'en produire encore une bonne dizaine, en majorité des ouragans, d'ici la fin novembre.

Pour ne rien arranger, une étude publiée lundi par Kerry Emmanuel, de l'Institut de technologie du Massachusetts, affirme que le réchauffement climatique augmentera la force des ouragans.

Une bonne nouvelle toutefois: un réseau de capteurs capables de détecter un tsunami et de transmettre l'information instantanément à des centres d'alerte basés dans 27 pays pourrait être en place d'ici un an dans l'océan Indien, ont annoncé des experts à l'issue d'un colloque vendredi à Perth en Australie. Il réduirait le risque d'une nouvelle catastrophe similaire au raz-de-marée du 26 décembre qui avait fait plus de 170 000 morts.