Star Académie, le spectacle de fin d'année
Nathalie Petrowski
La Presse
La soirée commence par des airs d'été dans un bourdonnement de vespas aux couleurs toniques et se termine par un ballet de couvercle de pupitres qui s'ouvrent et se referment sur l'air de « School's out », le classique d'Alice Cooper. C'est entre ces deux numéros placés sous le signe des vacances, que Star Académie a donné le coup d'envoi d'une tournée de 23 représentations dans sept villes du Québec, vendredi soir dans un Centre Bell rempli à capacité.
Star Académie le spectacle, c'est 40 chansons d'une versatilité qui confine à la schizophrénie stylistique puisqu'elle nous font passer dans le même souffle de Jean Leloup à Johnny Hallyday, de Louise Attaque à Eddie Marnay de Fred Fortin à Ricky Martin.
Les chansons déboulent, les Académiciens caracolent et le public toujours aussi amoureux de ses jeunes diplômés de l'Académie en redemande.
Star Académie le spectacle, c'est aussi une immense scène munie d'une passerelle qui mène à un plateau tournant sur lequel les académiciens viennent chanter en choeur ou tourner comme des toupies sur un microsillon. Et quand ils quittent la plaque tournante, c'est parfois pour embarquer en groupe ou en solitaire sur une plateforme mobile semblable à une plateforme pétrolière qui s'élève jusqu'à la voûte du plafond et donne le vertige autant à ceux qui s'y trouvent qu'à ceux qui les regardent. Star Académie le spectacle, c'est enfin quatorze jeunes hommes et femmes pleins d'énergie, de bonne foi et de bonnes vibrations, mais qui n'ont pas beaucoup de métier, pas beaucoup de maîtrise et qui auraient eu besoin d'au moins deux mois de répétitions supplémentaires pour être à la hauteur de l'immense commande qu'ils doivent livrer en deux heures.
Mais comme le temps pressait et qu'il fallait profiter de l'engouement crée par les émissions de télévision, on a lancé les académiciens dans l'arène en espérant que le public n'y voit que du feu.
Le résultat, c'est un spectacle de fin d'année avec tout ce que cela suppose comme fougue, comme énergie nerveuse, comme bonne volonté mais aussi comme maladresses, comme fausses notes, comme amateurisme et comme manque de cohésion. Certaines failles du spectacle sont directement attribuables aux académiciens qui n'ont pas les meilleures voix au monde et qui par moments, faussent à vous en fendre les tympans. C'est le cas de Rich Ly dans la version acoustique de Baby one more time de Britney Spears. Le cas de Vanessa Duchel dans À ma manière, une chanson de Diane Juster, où elle tente d'égaler Ginette Reno sans y parvenir. Le cas de William Deslauriers qui fait de son mieux mais n'arrive pas à sauver du massacre No woman no cry, le classique de Bob Marley.
Les fausses notes ne sont pas l'unique problème d'un spectacle dont la mise en scène est étonnement dépourvue d'originalité. Étonnement parce que le metteur en scène et directeur artistique Jean Lamoureux nous avait habitué à mieux et à plus sophistiqué aussi bien dans les galas du dimanche à la télé que dans la tournée 2005 de Star Académie qui était un petit bijou de mise en scène. Ici, même l'imposant dispositif technique dont il dispose et qui lui permet d'envoyer les académiciens en orbite, ne semble jamais être exploité à son plein potentiel. De sorte qu'on a souvent l'impression que c'est toujours la même mise en scène statique qui prévaut d'un numéro à l'autre. Du côté des costumes, même manque d'inspiration. Les académiciens semblent avoir enfilé la première chose qui leur est tombé sous la main. Si c'était l'effet voulu, alors c'est réussi. Autrement, un peu d'unité et de vision auraient été de mise.
Il y a malgré tout dans cette quatrième cuvée, des moments de grâce. Et je ne parle pas nécessairement des balades tristes à gros trémolos lancées expressément pour émouvoir la foule selon un calcul qui marche à tout coup comme en font foi les ovations qu'ont récolté à tour de rôle, Maxime Landry, Maxime Proulx et Vanessa Duchel. Je parle de moments plus subtils comme cette jolie chanson de Serge Gainsbourg, Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, chantée en duo par Maxime Landry au piano et par la belle et grande Sophie Vaillancourt. Je parle du sourire rayonnant et de la voix puissante de Brigitte Boisjoli interprétant Au fond de moi tout en se lançant dans le vide. Je parle de Carolanne et de Maxime Landry entonnant avec un supplément d'âme You've got a friend de Carole King.
Exceptionnellement pour ce premier coup d'envoi donné au Centre Bell, on a fait appel à des invités surprise. Les Denis Drolet ont brisé la glace en surgissant d'une cursive avec leurs cheveux trop longs et leurs sempiternels habits bruns. Michel Rivard est venu chanter avec ses anciens élèves la chanson qu'ils ont composée ensemble. Mais Marie-Mai fut sans contredit l'invitée surprise la plus marquante. Moulée dans une mini robe noire, l'ex académicienne est venue interpréter une de ses propres compositions (Emmène-moi) avec Carolanne. Or jusqu'à ce moment-là, la gagnante des filles de 2009 faisait belle figure avec son joli visage, ses grandes jambes, son timbre de voix chaud et son registre ample qui lui permet d'être aussi à l'aise dans du Carole King que du Lady Gaga.
Mais à côté d'une Marie- Mai en pleine possession de ses moyens qui sait toujours quelle noter frapper et quel geste retenir pour un maximum d'efficacité scénique, la prestation de Carolanne semblait brouillonne et ne faisait tout simplement pas le poids. Sur le coup, j'ai pensé que la présence de Marie- Mai était une erreur de casting. Mais à bien y penser, Marie- Mai est l'exemple parfait de l'avenir radieux qui attend un jour les académiciens s'ils persévèrent. En attendant cependant, la plupart devront refaire leurs devoirs.
http://www.cyberpresse.ca/arts/musique/ ... dannee.php" onclick="window.open(this.href);return false;