Cerrone : "J'ai peur de ne pas trouver le X Factor"
Publié par Charles Decant
Mercredi 2 Septembre 2009 16h54
Cerrone
Crédits : Murielle CRANSAC / VISUAL Press Agency
Ce midi, W9 présentait à la presse sa grille de rentrée. La chaîne de la TNT, qui se félicite de ses bonnes audiences à l'aube de sa cinquième année d'existence, annonce vouloir passer la vitesse supérieure, et elle place beaucoup d'espoirs dans sa nouvelle émission X-Factor, adaptation du format britannique à succès.
Le jury sera composé de Cerrone, Julie Zenatti, et du compositeur Alain Lanty, qui ont répondu à quelques questions lors de la conférence. A l'issue de la présentation, Cerrone a accordé un entretien à Ozap, dans lequel il revient sans langue de bois sur ses premières impressions, sa participation « alimentaire » à la Star Ac, et sur sa crainte de ne pas trouver d'artiste qui ait le fameux X Factor.
« Il y aura une compétition entre les jurés »
Ozap : Vous étiez client d'autres télé-crochets ?
Cerrone : Je n'étais pas fan de la Star Ac, par exemple - alors que les cinq premières saisons, c'est moi qui ai fait toute la musique, tous les spots... Mais bon, c'était de l'alimentaire, on fait ça aussi ! J'ai toujours refusé d'aller au château, d'aller leur apprendre de la batterie ou quoi que ce soit. Je n'étais pas client parce que ça s'adressait d'une part qu'à une certaine fourchette de la jeunesse, et j'avais l'impression qu'on formatait : « tu chantes comme ça, avec un timbre comme ça, ce style de chanson... » Et j'ai tout fait dans ma carrière pour éviter ça. Mais il faut reconnaître qu'il y a quand même eu des vrais artistes qui en sont sortis.
Qu'est-ce qui a fait la différence, alors, quand on vous a proposé X-Factor sur W9 ?
C'est qu'ils m'ont donné cette petite différence, mais qui est énorme, que chacun de nous va coacher les candidats et qu'il y aura une compétition entre les jurés, et voir ce que les autres vont mettre en avant, ce qui est important pour eux. Parce que moi, être un artiste, ce n'est pas seulement bien chanter. Il y a plein d'exemples comme ça : un mec comme Aznavour, il chantait bien, mais c'est son charisme qui faisait qu'on avait l'impression que la chanson s'adressait à chacun d'entre nous. Et à un autre extrême, un physique aussi incroyable que Jacques Brel, son style lui servait. Je suis plutôt dans cette catégorie là. J'ai besoin que la personne me fasse voir un film pour que j'ai envie de l'amener au bout.
« Je ne m'étais jamais imaginé dans le rôle de juré »
Quelle vision aviez-vous des jurys des autres émissions. Vous vous imaginiez déjà ce que vous diriez à leur place ?
Bien sûr, oui, je savais ce que je dirais, mais pour autant, je ne m'étais jamais imaginé dans ce rôle. Et assez souvent, j'étais plus proche du jury que du public. Et je me suis même d'ailleurs demandé des fois si ce n'était pas truqué, et comment le public pouvait être complètement en désaccord avec le jury.
Aujourd'hui, vous avez une vision différente de tout ça ? Vous comprenez mieux le public ?
Oui, maintenant que je fais partie d'une machine un peu similaire, et surtout parce qu'on a des gens dans les tranches d'âge qui vont jusque 80 ans, et quand on voit qu'au niveau du peuple - parce qu'on descend dans le peuple là - la musique les habite vraiment, ça leur donne des espoirs, qu'ils me disent « vous avez ma vie dans vos mains »... eh bien c'est réconfortant, ça veut dire que la musique est encore partie prenante au niveau de l'émotion, chez les gens.
« On va beaucoup plus loin que les jurés de Nouvelle Star »
Ce rôle de juré qui est aussi coach, ça vous met la pression ?
Oui c'est sûr. Par rapport à la Nouvelle Star, les juges n'ont qu'à dire « ça me plaît », ou « ça me plaît pas ». « Il a ci » ou « il a pas ça ». Nous ça va beaucoup plus loin ! Qu'est-ce qu'on va en faire ? Moi qui aie un public, j'ai cette chance, les générations m'ont toujours rattrapé donc c'est un public environ de 18-35, si je me retrouve à coacher une mamie de 78 ans, peu importe le talent qu'elle a... Ouah ! Ca promet des émissions avec des choses assez fortes !
Comme lors des castings, vous allez donc avoir le destin des candidats que vous coachez entre les mains...
Ah... je préfère ne pas y penser ! Peut-être pas leur destin... mais leur moment d'émotion présent, ça oui ! On en a vu repartir cassés, on en a vu un repartir, il avait 35 ans, il chantait pas mal, mais il était foudroyé par le trac. Le trac, moi aussi je l'ai toujours sur scène, tous les artistes ont le trac. Mais il y a un trac qu'on arrive à dominer, et un trac qui foudroie. Ca s'appelle le X Factor !
« J'ai peur de ne pas trouver le X-Factor »
Vous avez dit lors de la présentation à la presse que vous n'aviez pour l'instant vu que des choristes. Vous n'avez pas peur de ne pas trouver "la" star, vous qui avez cette responsabilité en tant que juré ?
Si, bien sûr... bien sûr ! Parce que dans d'autres cas, comme un acteur, on a beau l'entourer d'un beau décor, d'un bon maquilleur... il passe ou il ne passe pas. Et aujourd'hui, même si on peut faire beaucoup de choses avec la musique, on ne pourra rien pour eux parce qu'ils seront en live. Ca ne sera pas pré-enregistré avant, on ne pourra pas nettoyer, mettre au bon tempo s'ils n'y sont pas, ajuster la note s'ils sont faux. On pourra les aider et les coacher jusqu'à un certain point, mais on ne pourra pas tout faire. Et heureusement, en même temps, sinon ça serait complètement faussé.
Le programme est très attendu par W9, c'est un vrai pari pour la chaîne. Vous êtes anxieux pour les audiences ? Le lendemain de la première, vous regardez les chiffres ?
Non, pas du tout. Alors là, d'où je viens, je ne suis pas du tout concerné par ça, ça ne m'intéresse pas. Ca aurait été TF1, M6, France 2... ce n'est pas ça qui m'a convaincu. Ce qui m'a convaincu, c'est la bonne humeur, la bonne ambiance, les gens sympas qui sont vraiment avec vous, pas seulement pour passer la pommade. Et puis c'est une expérience, quelque chose que je n'ai jamais fait. On verra si je regretterai ! Reposez-moi la question en janvier, mais pour l'instant j'assume.
Vous avez peur de ne pas assumer en janvier ?
Non, je n'ai pas peur qu'on ne fasse pas d'audience. Ca, ce n'est pas mon problème. Mais j'ai peur, comme vous le disiez, qu'on ne trouve pas le X-Factor. Et comment ça va se passer du coup ? Mais avec ce qu'on a déjà vu, avec la sélection qu'on a faite, il y a des choses qu'on peut faire. Vous savez, j'ai plein de choristes qui sont devenus des solistes. Il faut les aider, les accompagner, leur donner confiance, les aider à choisir les chansons.
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