Publié le 05 février 2010 à 22h40 | Mis à jour le 05 février 2010 à 22h41
Marie-Mai était à la Maison de la Culture de Gatineau, hier
Une lionne au coeur de rockeuse
Crinière au vent, rugissante, bondissante, Marie-Mai a envahi l'Odyssée pour lancer sa grande tournée provinciale autour de son dernier album, Version 3.0.
Martin Roy, LeDroit
Marthe Lemery
Le Droit
Elle avait prédit qu'elle « déboulerait » en lionne sur la scène de la Maison de la Culture de Gatineau. Hier soir, malgré un rhume qui, nous a-t-elle dit, fragilisait un peu sa voix, Marie-Mai a tenu parole.
Crinière au vent, rugissante, bondissante, sautillante, la lionne a envahi l'Odyssée pour lancer sa grande tournée provinciale autour de son dernier album, Version 3.0. Elle a fait de chaque centimètre carré de la scène son territoire, où elle a arpenté en conquérante son répertoire, les incontournables de ses deux albums précédents, plus toutes celles du récent cédé.
Le public l'a suivi, au doigt et à l'oeil. Il s'est laissé dompter par la reine du zoo musical, avec un plaisir évident. Un plaisir, que dis-je, un délire. Et une salle comble en délire, ça fait du bruit ! Ça dégage autant de décibels que sur la scène, avant même d'ailleurs que la chanteuse se pointe sur scène.
Une salle jeune surtout. On savait que Marie-Mai avait le son et l'allure qui plaisaient aux jeunes, aux filles surtout. Ce public de la première heure est toujours là à la suivre, comme elle a pu le constater. Mais elle attire aussi des petits nouveaux, des enfants à peine sortis de la maternelle, qui étaient nombreux hier soir à assister à ce qu'on pouvait présumer être leur premier vrai « show rock » - en compagnie de maman ou papa tout de même !
Une énergie contagieuse
En collant moulant de paillettes or et en débardeur noir, le geste frondeur sur fond de guitares et de batteries déchaînées, Marie-Mai a cogné fort dès le début avec son tube, Déjà loin. Du coup, c'est comme si le signal était donné aux fans les plus ardents pour quitter leur siège et aller s'attrouper au devant de la scène, sous le nez de chanteuse. Tout le long du spectacle, ils resteront agglutinés autour de leur idole, à s'en mettre plein la vue, à brandir leurs bâtons lumineux dès que s'éteignaient les derniers accords d'une chanson.
Elle, généreuse et naturelle, pas prétentieuse pour deux sous, leur tend la main, les frôle, accepte avec plaisir les brassées de fleurs qu'on lui tend. Le contact est établi, le courant passe, et ce sera comme ça toute la soirée, dans une montée d'énergie.
À travers ses pièces (qu'elle écrit elle-même), ses Secrets, ses Qui prendra ma place, ses Emmène-moi, Marie-Mai professe un rock de « girlie » qui ne fait pas dans le froufrou, mais qui s'assume, blouson de cuir et dentelles, à l'image des filles d'aujourd'hui. Elle bouge bien, elle le sait, et ne se prive pas de courir de gauche à droite, en haut, en bas de cette passerelle en V qui divise la scène en deux.
Elle se donne toute entière à la musique, se déhanche sans pudeur et sans retenue, tout au plaisir d'être là, livrée en pâture au public. Mais elle « joue » aussi, mutine, en parfaite complice avec ses musiciens. Elle leur fait des mimiques enjôleuses, les provoque, comme une biche bondissante et insaisissable.
Du rock plein les oreilles
Décidément rock, le spectacle s'est permis seulement quelques incursions du côté des balades, dont J'attendrai mon tour. Mais vite, elle écoute les beats accélérés de son coeur de rockeuse. Faut que ça rocke, crie-t-elle, avant de se lancer dans une version endiablée de Faut que tu t'en ailles. Puis c'est le titre Do You, qui entraîne le public à sa suite dans une série de sautillements, pendant que de grandes lettres au titre de la chanson s'allument et s'éteignent sur scène.
Il faut dire qu'un spectacle de Marie-Mai, c'est aussi un show visuel tout autant qu'auditif, avec une orgie d'effets de lumières, à commencer par les cinq immenses colonnes lumineuses qui pulsent, qui vibrent au rythme des paroles et des accords hurlants. On table aussi beaucoup sur les nombreux effets stroboscopiques pour découper la silhouette de la chanteuse, la figer comme sur un écran.
La deuxième partie est particulièrement survoltée. Dès les premiers accords de Plaisirs amers, c'est toute la salle qui se lève, qui agite les bras, tape des mains ou du pied. Le rythme ne faiblit pas, monte même d'un cran avec l'enchaînement rapide de Dangereuse attraction à C'est moi, son credo tout personnel sur l'affirmation de soi.
Quand son Medley commence, où elle donne un coup de chapeau à ses propres idoles rockse et montre la formidable étendue de son pouvoir vocal et de sa présence scénique, c'est l'apothéose. On se dit que ça ne pourra pas aller plus haut, et bien oui, elle nous assène son Mentir, avec une puissance époustouflante. Ouf, et dire qu'elle était enrhumée.
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