Publié le 12 octobre 2010 à 09h23 | Mis à jour à 22h33
Chili: derniers essais avant la délivrance des «33»
Gaël Favennec
Agence France-Presse
Mine San José
Des essais de dernière minute retardaient mardi soir l'heure de la délivrance pour 33 mineurs bloqués depuis plus de deux mois dans une mine au Chili, qui attendaient d'être remontés à la surface un à un, au terme d'une opération de sauvetage sans précédent.
La nacelle de secours s'est heurtée à une paroi lors d'un essai à vide dans une partie du puits de secours, provoquant une légère «bosse sur la porte», qui a été redressée, a expliqué l'ingénieur Jorge Sougarret.
La cage métallique est repartie pour un deuxième voyage à vide qui doit être suivi de deux va-et-vient avec un secouriste, à la suite desquels doit commencer la descente finale d'un secouriste et, enfin, la remontée du premier mineur, a expliqué René Aguilar, coordinateur des secours.
Ces essais retardaient le début du sauvetage, initialement annoncé vers 20H00 locales (23H00 GMT) par le président chilien Sebastian Pinera, puis pour deux heures plus tard par le ministre des Mines Laurence Golborne, un délai d'ores et déjà dépassé.
Le Chilien Florencio Avalos, contremaître de 31 ans, sera le premier des «33» à regagner l'air libre dans une nacelle de 53 cm de diamètre, a appris l'AFP de source gouvernementale.
Il sera suivi de Mario Sepulveda, 39 ans, Juan Illanes, 52 ans, et du Bolivien Carlos Mamani, 23 ans, a indiqué le président Pinera.
La sortie de chacun des «33» sera annoncée par une sirène et un gyrophare, selon le ministre de la Santé, Jaime Manalich.
Dès 20H00, des dizaines de journalistes entouraient la tente de la famille Avalos. Alors que la mère, l'épouse et un des deux fils de Florencio Avalos étaient montés pour l'attendre à la sortie du puits de secours, son père, ses oncles et d'autres proches suivaient les opérations sur une télévision.
En tant que contremaître, Avalos est le second dans la hiérarchie technique du groupe de 33 hommes piégés au fond de la mine de cuivre et d'or de San Jose par un éboulement le 5 août.
«Nous sommes très contents», a déclaré à l'AFP son oncle Alberto Avalos, qui regrettait juste que le frère cadet de Florencio, Renan, 29 ans, ne sorte pas en même temps.
«J'aimerais beaucoup qu'ils soient tous les deux ensemble, ça va être un bonheur extraordinaire», a-t-il ajouté.
Les quatre premiers mineurs sont considérés comme les «plus adroits». Ils seront suivis d'une dizaine de mineurs jugés plus faibles physiquement ou psychologiquement, et enfin des plus forts, capables de supporter une attente prolongée.
Les mineurs remonteront à bord de la nacelle en moins de 15 minutes à travers un puits d'évacuation foré en 33 jours, mais avec la préparation de chaque voyage, il faudra une heure environ par mineur pour achever l'opération.
Cinq secouristes descendront pour préparer les «33», qui porteront des électrodes permettant d'enregistrer en permanence fréquence cardiaque, respiratoire, ventilation, consommation d'oxygène, température.
En cas de problème, ils pourront détacher l'habitacle de la nacelle, et redescendre en douceur.
Les «33» subiront un examen médical dès leur sortie et rencontreront brièvement leur famille proche, avant d'être transférés en hélicoptère en moins d'un quart d'heure dans un hôpital de Copiapo, où ils séjourneront au moins deux jours pour des bilans plus approfondis.
Outre les 800 proches et parents de mineurs, plus de 2.000 journalistes ont accouru du monde entier pour le «happy end» de cette aventure inédite de survie sous terre. Le président bolivien Evo Morales devait aussi arriver mercredi matin pour saluer son compatriote Carlos Mamani.
Le président américain Barack Obama et son homologue vénézuélien Hugo Chavez ont également envoyé des messages de soutien aux mineurs mardi soir.
En l'espace de deux mois, les «33» sont devenus des vedettes planétaires, recevant des maillots dédicacés de stars du football, des chapelets bénis par le pape, des IPod offerts par le patron d'Apple Steve Jobs, pour les aider à tenir pendant leur calvaire, qui inspire déjà des réalisateurs de cinéma.
Sept jours après l'éboulement qui a pris au piège les «33», M. Golborne jugeait pourtant «très faibles» les chances de les retrouver vivants.
Mais sous la pression des familles des mineurs, venues camper sur place dès le lendemain, les secouristes ont poursuivi leurs efforts jusqu'à ce qu'une sonde remonte le 22 août un message griffonné sur un bout de papier, désormais célèbre: «Nous allons bien, les 33, dans le refuge».
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