Trois canadiens à surveiller: Jason Burnett, Rosannagh Maclennan et Karen Cockburn.
Jeudi 2 août 2012 5:01 ET
Toute une dynamique d'équipe en trampoline
CTVOlympics.ca
Rosannagh MacLennan a suffisamment de raisons qui la motivent à monter sur le trampoline.
Sa meilleure amie; une pionnière qui songe à la retraite, des frères et sœurs qui l’ont initiée au sport ainsi qu’un grand-père dont le rêve de participer aux Jeux olympiques ne s’est jamais réalisé.
Mais quand vient le temps de quitter la terre ferme, elle ne saute que pour elle-même.
« Que j’aie de la pression ou pas de mon entourage, j’en ressentirai tout de même, car celle que l’on se met nous-mêmes sur les épaules est la pire », dit MacLennan. « Je pratique ce sport, car c’est ma passion et je m’amuse bien. »
Pour quelque chose qu’elle fait avec plaisir, MacLennan s’en tire très bien.
Elle a participé aux Jeux olympiques pour la première fois à Beijing en 2008 où elle a terminé au septième rang. À l’âge de 23 ans, la trampoliniste représente un des plus grands espoirs de médailles à Londres 2012.
Pour y arriver, elle devra par contre battre sa meilleure amie qui est aussi sa compagne d’entraînement. Il s’agit de la trampoliniste la plus décorée de l’histoire des Jeux olympiques : Karen Cockburn.
« Idéalement, ce serait bien si nous terminions à égalité, mais on n’aime pas ça quand c’est le cas dans notre sport », dit MacLennan en riant. « Nous préférons créer une dynamique d’équipe et non un esprit de compétition. »
Certains pourraient être mal à l’aise dans cette situation, mais ce n’est pas le cas pour MacLennan. Elle a déjà battu Cockburn lors de compétitions internationales majeures et représente une forte concurrence pour Cockburn, âgée de 31 ans.
Native de King City en Ontario, MacLennan a remporté des médailles aux trois derniers Championnats du monde. Elle a également remporté la médaille d’or à l’épreuve individuelle aux épreuves préparatoires des Jeux de Londres 2012 en janvier dernier.
Elle a ensuite entamé sa saison préolympique du bon pied en récoltant la médaille d’or à la plus récente Coupe du monde à Arosa en Suisse. Cette victoire l’a non seulement soulagé, mais lui a également insufflé beaucoup de confiance. Il s’agissait de sa première compétition après avoir manqué les Championnats nationaux du Canada en mai dernier en raison d’une légère commotion cérébrale.
« Je dirais que toutes les deux pourraient très bien monter sur le podium à Londres », dit l’analyste en gymnastique de CTVOlympics et médaillé d’or des Jeux d’Athènes 2004, Kyle Shewfelt. « Rosie effectue des routines avec un degré de difficulté plus élevé, mais l’exécution de Karen est parfaite.
« Elles sont vraiment coude à coude. »
La principale force de ces deux femmes est probablement leur habileté à participer ensemble à l’épreuve synchronisée, peu importe qui battra qui lors de l’épreuve individuelle qui a lieu quelques heures avant.
« La rivalité entre Karen et Rosie est intéressante, car elles sont des meilleures amies et des compagnes d’entraînement », dit Shewfelt. « Je crois que Karen veut voir Rosie gagner et Rosie veut voir Karen gagner. Mais elles veulent tout de même gagner chacune de leur côté et se disent “ Je veux la battre! ” »
« C’est une bonne chose, car elles se motivent à toujours mieux performer. »
Cockburn songe à prendre sa retraite après les Jeux olympiques de Londres 2012 et espère fonder une famille avec son mari, l’ancien trampoliniste et médaillé des Jeux de Sydney en 2000, Mathieu Turgeon.
Elle n’hésite pas du tout à laisser entre les mains de MacLennan la tâche de guider les jeunes athlètes de leur club de trampoline, Skyriders Trampoline à Richmond Hill en Ontario, ce qu’elle faisait personnellement auparavant.
« Il arrive parfois que les jeunes filles à notre club se chicanent à propos de tout et de rien », dit Coclburn. « Il est important d’avoir un bon leader, car parfois les entraîneurs et les responsables sont incapables de gérer ces situations. »
« Elle sera parfaite pour ce rôle et je crois que ce sera bien pour l’équipe qu’elle soit présente. »
MacLennan et Cockburn ont bâti une très solide relation, relation entre autres basée sur l’humilité.
Depuis ses débuts à Beijing en 2008, MacLennan rejoint tranquillement Cockburn au niveau du pointage, forçant ainsi sa coéquipière beaucoup plus expérimentée à augmenter le niveau de difficulté de ses routines.
Cependant, aucune victoire n’effacera l’immense influence que Cockburn a eue sur MacLennan depuis qu’elle l’a rencontrée, alors que celle-ci n’était qu’une enfant.
Cockburn était quelqu’un qu’elle idolâtrait, qu’elle voulait imiter et qui était imbattable aux yeux d’une jeune de huit ans. Sa mère a même dû la forcer à demander conseil à Cockburn.
« À l’époque, j’avais toujours peur de l’aborder, car c’était Karen Cockburn », dit MacLennan d’un ton intimidé et avec de grands yeux. « Puis, quand j’ai commencé, elle venait toujours nous parler avant l’entraînement, nous donner des conseils. Le fait de s’entraîner ensemble plus tard nous a permis de bâtir une belle amitié. »
« Elle a toujours été un exemple à suivre pour moi. »
Mais bien avant de rencontrer son idole, elle avait trouvé un héros beaucoup plus près d’elle; son grand-père, Lorne Patterson.
MacLennan remercie sa famille de l’avoir exposée à différents sports. Les membres de sa famille se sont toujours assuré que ses priorités ne se soient pas axées sur les résultats.
« Ils ont toujours été très patients lorsqu’ils nous enseignaient de nouvelles choses », dit MacLennan. « L’été, nous passions nos journées à faire du plongeon, de la natation, du canoë, n’importe quoi. »
Même si elle était la plus jeune de la famille, on s’attendait toujours à ce que MacLennan participe quand même aux activités.
« L’âge n’était pas une excuse », dit-elle en riant, se rappelant le temps où elle a appris à nager après s’être fait lancer dans le lac à plusieurs reprises et où elle pratiquait le ski nautique dès l’âge de deux ans.
Il n’y a aucune tristesse dans la voix de MacLennan quand elle parle de son défunt grand-père. Grâce à ses encouragements, elle a su élever à un autre niveau ses aspirations.
« Quand nous voulions faire quelque chose, il ne disait jamais “Ah, d’accord” », dit-elle. « Quand j’étais jeune et que je disais que je voulais devenir une athlète olympique, il n’a jamais ri de moi. Il me disait plutôt : “D’accord et comment on s’y prend? ” »
« Il a eu une très grande influence sur ma vie. »
Les conseils de son grand-père étaient beaucoup significatifs que personne ne l’aurait crus dans la famille MacLennan. Ce n’est qu’après plusieurs années que son grand-père a mentionné sa propre carrière en gymnastique. « Peut-être parce qu’avec trois enfants et une femme très bavarde, il n’avait simplement pas le temps d’en parler » blague MacLennan dans un billet sur son blogue.
Lorne Patterson s’est qualifié en gymnastique artistique aux Jeux olympiques de Tokyo en 1940, mais il a vu son rêve s’écrouler lorsqu’éclata la Deuxième Guerre mondiale et que les Jeux furent annulés. Patterson a donc entraîné de jeunes soldats puisqu’on lui avait interdit d’aller à la guerre, lui qui était un ingénieur talentueux et était considéré comme trop important pour être envoyé outre-mer.
Sa petite-fille était en quelque sorte sa protégée.
« Il voulait absolument que l’on comprenne que l’important est que peu importe ce que tu essaies, tu dois donner le meilleur de toi-même », dit MacLennan. « Oui, tu connaîtras des défaites, mais la façon dont tu l’acceptes est plus importante que la défaite elle-même. »
Le rêve de MacLennan avait de plus en plus de chances de se réaliser grâce aux Championnats du monde de 2007 à Québec. C’était sa chance de se qualifier pour les Jeux de Beijing 2008 et fidèle à lui-même, son grand-père était dans les estrades pour l’encourager.
MacLennan faisait partie du premier des huit groupes de trampolinistes qui ont participé aux Championnats, mais ne croyait pas que ses performances étaient assez bonnes pour qu’elle fasse partie des huit premières, ce qu’elle devait atteindre pour participer aux Jeux.
Découragée, elle a quitté le centre d’entraînement avec Cockburn. Quand les deux athlètes sont revenues, MacLennan a réalisé qu’elle faisait toujours partie du Top 8 et elle conserva son rang jusqu’à ce que toutes les trampolinistes se soient exécutées, s’assurant ainsi une participation aux Jeux olympiques.
Après avoir réussi à se qualifier, MacLennan a écrit que les membres de sa famille sautaient partout et criaient de joie. Tous, sauf son grand-père. Il était assis, le sourire aux lèvres, et il pleurait.
Patterson est décédé quelques semaines avant que MacLennan s’envole pour Beijing.
Mais son rêve olympique continue de vivre grâce à sa petite-fille. Patterson est celui qui l’a encouragé depuis le début et même aujourd’hui elle suit toujours ses conseils.
MacLennan pourrait consacrer sa carrière de trampoliniste à tenter de poursuivre l’aventure olympique que son grand-père avait entamée, mais n’a malheureusement jamais pu finir.
Elle explique que ce qui la motive tous les jours est décrit de manière simple et directe dans une de ses chansons d’entraînement préféré; Good Feeling de Flo Rida.
« Il dit dans sa chanson “ Gotta love the life we’re living ” » dit MacLennan. « Ces paroles sont très significatives pour moi, car j’adore ce que je fais, j’adore le trampoline. »
« Peu importe ce qui m’arrive, je me concentre sur l’essentiel. »
On y a tous pensé grrr!!
