Les soeurs Boulay réagissent aux critiques concernant les remerciements à l’ADISQ
Dans son article paru lundi dernier, le journaliste Richard Thérien reproche aux gagnants de l’ADISQ leur manque d’inspiration, en spécifiant qu’ils étaient « particulièrement ennuyants et mal foutus ». Les soeurs Boulay, qui sont reparties avec le trophée du Groupe de l’année, ont tenu à exprimer leur point de vue après la lecture de cet article. C’est sur leur page officielle Facebook que le duo s’est confié:
« Monsieur Therrien. Alors nous étions décevants. D’accord. Plusieurs en étaient à leur premier trophée. Pas nous, c’est vrai, et je prends un certain blâme à avoir craqué sous l’émotion. Gagner un Félix quand on est un artisan de la chanson, qui passe le plus clair de son temps dans un truck Légaré, un local de répète, un sous-sol, une chambre d’hôtel brune ou sur une scène intime, ce n’est pas normal. Nous ne sommes pas des tous orateurs aguerris. Nous ne sommes pas tous de ceux qui posent devant le miroir pour en avoir l’air. Nous n’avons pas le temps, nous écrivons des chansons, et nous les chantons. Nous faisons notre travail simplement et de façon honnête, je crois, et une fois par année, il arrive qu’on gagne un prix et qu’on monte sur cette scène bien maladroitement, devant un million de personnes, en gardant la tête et les moyens, avec le soucis de nous montrer sous notre vrai jour, de remercier tout le monde qui doit l’être et aussi et de ne froisser personne, parce qu’il y en a tant, des froissés par un anglicisme, ou un petit pas de travers. Bravo à Marie-Mai, oui, qui maîtrisait tant son discours, étant à son énième trophée et répétant les mêmes remerciements année après année. Mais comment passer sous silence les remerciements émouvants et maîtrisés de Patrice Michaud, premier trophée? Comment en vouloir à Alex Nevsky d’avoir été tellement étonné qu’il n’avait pas vraiment les mots mais l’émotion? Comment en vouloir à Klô Pelgag d’être différente, éclatée, de ne pas se prendre au sérieux? Pouvez-vous, avec moi, regarder la dernière année de ces artistes, le travail acharné qui les a menés à tout ça, parce que c’est ça, du travail, et simplement leur laisser ce petit moment, cette petite tape dans le dos? Pouvez-vous vous réjouir avec nous de ne pas vous être tapé les mêmes qui raflent tout, chaque année, mais d’avoir vu fleurir la jeunesse, maladroite, certes, mais si sincère et reconnaissante?
Si j’avais été plus en possession de mes moyens, moins émotive, moins reconnaissante, on aurait sûrement remercié le public d’être si doux et compréhensif, et présent. Et les Francouvertes, et la Voix, et notre famille, et notre équipe de tournée. Et les subventionneurs, et les diffuseurs, et les collaborateurs.
Avec plein d’amour.
Les soeurs Boulay »
Avec leur long message, Les soeurs Boulay
« souhaite(nt) faire réfléchir, avec douceur et amour ».
Lorsque tu gagnes un prix et que tu ne t’y attends pas, tu es sous le choc. Tu ne sais pas quoi dire. Tu vis un grand moment de fierté, un bonheur intense mélangé à la surprise et la nervosité du moment. Tu sues dans ton kit de l’ADISQ pis tes talons trop hauts. T’as le goût de pleurer. Tu bégaies. Tu ne veux pas craquer. PIS t’es devant un million de personnes qui te regardent accepter ton prix… m’semble que c’est normal que ça ne soit pas parfait, et ce, même si tu t’es préparé un petit speech de remerciements dans le confort de ton salon quelques jours auparavant. C’est juste pas la même chose…!