30 millions pour un registre... Et si on essayait plutôt de sauver des vies?
Jessie Mc Nicoll - Huffington Post
Dans la foulée de la décision de la Cour suprême du Canada d'autoriser le gouvernement canadien à détruire les données du défunt registre des armes d'épaule, la ministre Lise Thériault n'a fait ni une ni deux! Elle a confirmé sur sa page Facebook que:
«Le gouvernement du Québec maintiendra un registre des armes à feu en respectant la capacité de payer des Québécois. À cet effet, nous présenterons un projet de loi d'ici la fin de cette session parlementaire afin d'assurer le maintien d'un registre des armes à feu.»
Si Madame Thériault avait fait ses devoirs sur la question, elle aurait appris bien des choses...
Comme le fait que les armes de poing sont enregistrées depuis environ 80 ans au Canada. Pourtant, dans la majorité des meurtres commis avec une arme à feu, il s'agit d'une arme de poing. Et dans la majorité des cas, celle-ci n'est pas enregistrée. Mais comment cela est-il possible?
Elle aurait aussi appris que l'application complète de ce défunt registre a marqué le début du ralentissement de la baisse des homicides conjugaux. Et qu'aucun bienfait associé à ce registre ni à aucun autre resserrement de la loi sur les armes à feu n'a été trouvé depuis 1974.
Alors quand on prétend qu'il s'agit d'une mesure de sécurité publique, mon détecteur de «bull shit» s'emballe...
Vous croyez vraiment qu'un policier va se fier sur un registre lors d'une intervention? S'il le faisait, il mettrait ses collègues et lui-même en danger, puisque les armes possédées légalement le sont par des gens qui sont très peu enclins à commettre des crimes. Qui plus est, toutes les personnes qui possèdent légalement des armes à feu possèdent aussi un permis de possession, information à laquelle les policiers ont accès, registre ou pas.
Oui, mais la preuve que c'est utile, c'est que les policiers se mobilisent pour conserver ce registre!
Les policiers se mobilisent parce qu'il s'agit là de belles jobs de bureaucrates. Une centaine d'emplois sont liés au contrôle des armes à feu seulement au Québec. Voilà pourquoi ils se battent. Pas pour notre sécurité, mais pour leurs emplois.
Bref, si Madame Lise Thériault avait fait ses devoirs, elle aurait compris qu'un registre des armes d'épaule n'offre aucune protection aux Québécois. Mais qu'avec les 30 millions qu'elle prévoit y consacrer, elle aurait peut-être pu faire la différence et s'en servir pour sauver des vies...
Parce que voyez-vous, la totalité des décès par armes à feu au Québec en 2009 s'élevait à 161, dont 131 suicides, alors que le nombre de suicides commis sans l'aide d'une arme à feu s'élevait à 951 (1082 suicides au total).
Alors qu'on estime que 80% des gens qui se suicident souffrent de dépression,
n'y aurait-il pas lieu d'améliorer l'accès aux soins en santé mentale?
Ou alors de sauver quelques-uns des 104 Québécois décédés de déficience nutritionnelle? Ou des 1415 personnes mortes du diabète? Ou alors l'investir dans la recherche sur le cancer qui tue plus de 19 000 Québécois ou même des maladies du cœur qui en tuent plus de 10 000 par année.
Non, Madame Thériault a choisi de dépenser 30 millions de dollars pour créer un registre des armes d'épaule, question de faire plaisir à un groupe de pression qui tente de nous faire croire, à grands frais, depuis 25 ans, que cet argent pourrait peut-être sauver une vie...
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