Chili
Ariel Ticona découvre sa fille, née lorsqu'il était sous terre
Agence France-Presse
17/10/2010 09h03
«Elle est belle, très belle. Elle est jolie, ravissante», dit à l'AFP Ariel Ticona, en parlant de sa fille d'un mois Esperanza (Espoir), qu'il vient de découvrir après la fin mercredi de son calvaire de 69 jours sous terre au fond d'une mine du Chili.
Il a enfin pu la tenir dans ses bras à l'hôpital de Copiapo (nord) où il a été hospitalisé près de deux jours après son sauvetage lors d'une opération suivie par près d'un milliard de téléspectateurs dans le monde.
Le visage de sa fille est presque aussi connu que le sien. La photo d'Esperanza, baptisée ainsi en référence au campement où les familles ont attendu les «33» pendant plus de deux mois, a fait le tour du monde après sa naissance le 14 septembre.
Ariel Ticona a pu la voir dès le lendemain grâce à une vidéo envoyée par son frère dans les sondes qui ravitaillaient les mineurs à plus de 600 m sous terre.
Ariel, 29 ans, n'avait pas assisté non plus à la naissance de ses deux fils, de 9 et 5 ans.
«Mais à celle-ci, si, je pensais y aller, mais bon, cela ne s'est pas fait. Dieu l'a voulu ainsi», dit-il dans une interview exclusive à l'AFP.
Pour sa première nuit depuis plus de deux mois à la maison, Esperanza l'a laissé dormir. «Mais j'avais du sommeil en retard», précise-t-il.
«Maintenant, je veux me reposer et revenir l'an prochain à la mine», ajoute-t-il.
Même s'il porte encore ses lunettes noires recommandées par les médecins après deux mois dans l'obscurité, il s'efforce de se fondre parmi les habitants de son quartier défavorisé de la banlieue de Copiapo, ville-dortoir de 150 000 habitants.
Mais ce n'est pas toujours facile. «Regarde, regarde, c'est le garçon qui est sorti de la mine!», crie ainsi une voisine.
Pour lui, pourtant, l'expérience n'a pas été si dure.
«Cela a été plus difficile pour ma famille. Cela a été pire pour eux que pour nous», assure-t-il.
"Moi, j'ai toujours gardé la tête froide," ajoute ce conducteur de machines.
Tout juste reconnaît-il que les 17 premiers jours sans nouvelle de la surface ont été «terribles», mais il ne s'étend pas, car les «33» ont convenu de ne pas en parler avant la fin de l'enquête sur les responsabilités des propriétaires de la mine dans l'accident.
Ensuite, tout a changé et pour lui, la clé de la survie a été l'organisation.
«J'étais un des responsables de la communication. J'ai installé la fibre optique, les équipements pour réaliser la visioconférence» avec les secours et les familles en surface, raconte-t-il.
Cette expérience lui a permis de «réfléchir beaucoup». «À la fin, c'est ce que nous faisions le plus», confie-t-il.
Il souhaite «passer plus de temps avec la famille» et moins en consacrer au travail ou au football.
Mais il précise tout de suite: «je ne vais pas abandonner le football. C'est une passion».
Il se prépare d'ailleurs à affronter avec ses collègues mineurs l'équipe de la présidence fin octobre, un défi proposé jeudi par le chef de l'État Sebastian Pinera.
Il n'a pas peur, mais il lui manque de l'entraînement.
«J'ai passé deux mois enfermé sans activité, au bout de 20 minutes, je vais tirer la langue», sourit-il.
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