Nouveau procès de Dany Villanueva
De la «mauvaise foi policière», plaide la défense
Jean-Philippe Arcand
17/10/2011 19h08
MONTRÉAL - Le procès de Dany Villanueva et quatre autres individus accusés de vol qualifié et possession d’arme prohibée s’est ouvert ce lundi avec une requête de la défense visant à faire exclure l’ensemble de la preuve.
Elle allègue que les policiers n’avaient pas de motifs raisonnables de procéder à leur arrestation.
«Les informations alléguées étaient trop peu nombreuses et trop larges pour avoir un soupçon raisonnable», a soutenu l’avocat de Villanueva, Me Gunar Dubé, lors de ses plaidoiries.
L’incident reproché s’est produit à l’angle de la rue de Maisonneuve et du boulevard Saint-Laurent dans la nuit du 18 juin 2008, soit un peu moins de deux mois avant que le frère de Dany Villanueva, Fredy, soit abattu par le policier Jean-Loup Lapointe à Montréal-Nord.
Dany et ses quatre présumés complices – Bayron Clavasquin, Russell Similome, Miguel Aguilar et Peterson François – auraient apostrophé leur victime pour une raison encore inconnue. L’un des suspects l’aurait ensuite menacée avec une fausse arme à feu. Une dispute aurait suivi et durant la bagarre, les accusés se seraient emparés d’un médaillon appartenant à la victime.
Les policiers ont été alertés quelques minutes plus tard. Les premières informations font état de quatre suspects, trois Noirs et un Blanc, portant des vêtements de style «yo».
Deux patrouilleurs, Roch Lamarche et Philippe Tremblay, ont par la suite croisé par hasard un véhicule à bord duquel circulent des individus qui semblaient correspondre à cette description. Ils les ont interpellés quelques intersections plus loin. Villanueva est le conducteur du véhicule en question.
Après avoir ordonné à ce dernier de sortir de la voiture, les policiers ont procédé à la fouille et l’arrestation des cinq suspects. En inspectant l’intérieur de l’automobile, les policiers ont trouvé un faux pistolet sous le banc passager, de même qu’un médaillon sur la banquette arrière.
Contradictions
Or, les avocats des cinq accusés prétendent que si les constables Lamarche et Tremblay ont ciblé leurs clients, c’est principalement en raison de la couleur de leur peau et de leur tenue vestimentaire. Autrement dit, ils n’avaient aucun motif valable pour procéder à leur arrestation.
Qui plus est, la défense affirme que les droits fondamentaux des accusés ont été bafoués puisqu’ils n’ont pas été informés rapidement de leur droit de se prévaloir des services d’un avocat.
MM. Lamarche et Tremblay ont été appelés à livrer leurs versions des faits. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs témoignages ont offert de nombreuses contradictions qui en ont fait sourciller plus d’un.
Ainsi, les deux disent qu’ils conduisaient leur auto-patrouille le soir de l’événement. Si le premier nie avoir dégainé son arme de service, le second confirme qu’ils ont tenu les suspects en joue. Si l’agent Lamarche soutient que les gyrophares de leur voiture étaient le plus souvent éteints, l’agent Tremblay jure qu’ils l’étaient en permanence durant l’événement.
«Un véhicule à deux conducteurs, c’est assez rare», a ironisé Me Dubé, tout en déplorant l’existence de «deux versions policières complètement distinctes».
«L’État doit se dissocier d’une pratique policière de la sorte. L’image de la justice en serait bafouée. Il y a eu mauvaise foi policière», a-t-il poursuivi.
Son confrère Me Peter Georges-Louis, qui représente Miguel Aguilar, a pour sa part renchéri en affirmant que les policiers avaient fait preuve d’un «aveuglement pratiquement volontaire» au cours de cette intervention.
Les audiences se poursuivent mardi, au palais de justice de Montréal, avec les plaidoiries du procureur de la Couronne, Me Alexandre Arel. Le procès est présidé par la juge Louise Bourdeau, de la Cour du Québec.
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