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L’autre galère de Renée-Claude Brazeau
Hugo Dumas
La Presse
Le diagnostic officiel est tombé il y a un mois et demi : trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Le TDAH, que l’on détecte souvent chez les enfants. Renée-Claude Brazeau l’a très bien encaissé.
« Je pleurais de joie. Ça expliquait toute ma vie et ça m’a beaucoup rassurée. Je suis ravie de pouvoir enfin mettre des mots sur ce que je vis », me confie l’auteure de La galère.
Voilà pourquoi Renée-Claude Brazeau a bûché si fort sur sa série télé et qu’elle ressent présentement une grosse fatigue. « Je ne me concentrais que sur La galère et tout le reste dans ma vie prenait une débarque. Souvent, les gens qui ont un TDAH vivent dans le plaisir immédiat et leur dernière idée est toujours la meilleure. Je ne sais plus combien d’histoires au complet j’ai scrappées dans La galère parce que j’avais une bonne idée et qu’elle était toujours meilleure que la dernière. C’était toujours long et compliqué. Tout me prenait un temps fou », indique la scénariste, qui prend aujourd’hui du Concerta, un médicament qui l’aide à garder sa concentration.
L’identification de sa maladie lui a fait comprendre pourquoi elle sautait du coq à l’âne en entrevue, pourquoi elle perdait le fil des conversations et pourquoi elle formulait rarement des phrases complètes. « Quand j’étais à la télé ou à la radio, tout ce que j’avais dans la tête sortait. Blanc ou noir. J’en ai dit des niaiseries, ça faisait réagir. Tu t’haïs par la suite et tu voudrais reprendre tes paroles, mais c’est impossible. Le TDAH, c’est ça qui m’a fait faire de la télé. C’est aussi ce qui a fait que j’ai arrêté d’en faire », poursuit Renée-Claude Brazeau.
Avoir su avant qu’elle avait un TDAH, la créatrice des mésaventures de Mimi, Isa, Claude et Stéphanie n’aurait peut-être pas mis un point final à La galère. « La dernière année a été très difficile, notamment en raison des délais à respecter. À la blague, des amis me disent que sur le Concerta, je pourrais écrire une saison de La galère en deux mois », dit en rigolant Renée-Claude Brazeau.
Maintenant, parlons-en de cette grande finale, qui conclura lundi à 21 h six saisons de La galère à la SRC. Dans les faits, on ne peut rien divulguer. Comme pour la conclusion de Lost ou des Soprano, Renée-Claude Brazeau exige le secret le plus opaque possible. Et pas question pour les chroniqueurs de visionner l’ultime chapitre avant lundi.
« Je veux qu’on ne sache rien de ce dernier épisode. C’est mieux comme ça. Chose certaine, ce sera impossible de ne pas pleurer », tranche Renée-Claude Brazeau, jurant qu’il s’agira d’une fin heureuse et ouverte.
Une fin ouverte, pour terminer une œuvre, drôle de choix, non ? « La galère pourrait recommencer demain matin. Je le sais que c’est fini et je l’ai dit publiquement. Jeudi dernier, après une dernière session de musique chez Dazmo, j’ai braillé toutes les larmes de mon corps. Je gère mon deuil comme une peine d’amour. Je me fais croire que La galère pourrait revenir. Et je me crois dans mes histoires », répond Renée-Claude Brazeau.
Est-ce que Stéphanie (Hélène Florent) épousera le premier ministre Marc Daneau (Denis Bernard) ? L’auteure promet une réponse claire. Enfin.
On décèle dans son écriture que Renée-Claude Brazeau se gâte dans la critique sociale. Un peu comme une chroniqueuse dans un grand quotidien. Lundi dernier, elle a dénoncé les montants exorbitants des frais funéraires. Elle a écorché la génération Y avec le personnage de l’assistante de Claude, qui ne se sent pas assez stimulée professionnellement, qui réclame plus de responsabilités, mais qui quitte le bureau à 14 h pour éviter d’être prise dans le trafic en route pour le chalet de ses parents.
L’auteure a aussi martelé le message que les enfants passent trop de temps rivés à leurs iGadgets et pas assez à l’extérieur à bouffer des vers de terre et à se salir dans la bouette. La scène de la discussion entre l’adolescente Elle et sa maman Stéphanie, à propos de l’épilation intégrale des parties génitales féminines, a été savoureuse et juste assez osée.
Et heureusement, la rencontre entre Mimi (Brigitte Lafleur) et son papa a été tout sauf hollywoodienne. La réunion a été d’un réalisme brutal : son père était confus, lui a bredouillé des demi-vérités et Mimi a enfin pu tourner la page. C’était très bien amené.
Renée-Claude Brazeau a le don de jouer avec nos nerfs de téléspectateurs. Sa télésérie a connu un creux de vague désespérant cet automne, puis elle est revenue au sommet lundi soir avec un épisode joliment assemblé. Difficile de la détester et de lui en vouloir par la suite.
Pour l’instant, à part de longues vacances, Renée-Claude Brazeau n’a pas de projets concrets qui l’attendent. Elle compte bien se préparer pour Noël, louer un chalet et classer ses papiers. Elle aimerait peut-être écrire sa télésérie sur des hommes qui se font laver par leurs ex-copines. Un documentaire sur la laideur l’intéresse aussi, tout comme pondre des téléfilms de Noël ou d’Halloween mettant en vedette ses quatre héroïnes de La galère.
Ah oui, pour la première fois, Renée-Claude Brazeau fera une apparition-surprise – un caméo – dans la finale de La galère. Saurez-vous la reconnaître ?