Frustration...
Yvon Pedneault
03/05/2010 01h23
Les ajustements, ça débute tout d’abord par le travail du gardien.
Jaroslav Halak a été égal à lui-même, hier après-midi, c’est-à-dire excellent.
Excellent dans les moments opportuns. Excellent en troisième période quand les Penguins ont pu travailler pendant six minutes en supériorité numérique. Excellent dans l’art de maîtriser la rondelle près de son demi-cercle de protection.
Les Penguins de Pittsburgh ont envahi son territoire avec des attaques répétées en début de match et malgré le but de Matt Cooke, il est demeuré de glace. Il n’a montré aucun signe de fatigue, il n’a montré aucune impatience. Il a été Jaroslav Halak, le gardien calme et sûr de lui-même. Le gardien efficace dans toutes les situations. Le gardien capable de semer la frustration chez l’adversaire.
Et le plus haut fait d’armes du Tricolore, hier après-midi, ce fut justement de jouer avec les nerfs de Sidney Crosby. Ce fut de tenir Evgeni Malkin loin de la zone dangereuse. Ce fut de frapper les deux joueurs vedettes au bon moment. Ce fut d’aller les embêter dans leur propre territoire, les empêchant de s’évader avec la rondelle.
On n’a pas à s’attarder sur les tirs au but, on sait que les Penguins ont dominé en doublant le nombre de tirs. Mais, dans le plan de match du Jacques Martin, ça ne dérange pas. Le Canadien sait qu’il va concéder des tirs. Mais, pourvu qu’il limite le nombre de tirs de qualité, le reste n’a guère d’importance.
Ç’a été la recette de la troupe du Centre Bell depuis le début des séries éliminatoires et c’est cette recette qu’elle entend utiliser à chaque match.
Profiter des erreurs
Et, en attaque, le Canadien entend bien capitaliser sur les chances qu’offre l’adversaire, et si vous revoyez les buts marqués par Michael Cammalleri (deux fois) et Brian Gionta, c’est en profitant des erreurs des Penguins que le Canadien a réussi à égaler la série avec une victoire de chaque côté. Il entreprendra, demain soir, une série trois de cinq avec trois matchs prévus à Montréal.
Une situation intéressante, n'est-ce pas ?
Mais, ne sautons pas trop vite aux conclusions. Les Penguins n’ont pas subi la défaite à l’étranger depuis le début des séries éliminatoires et c’est une formation, comme l’indique son passé, qui parvient toujours à s’illustrer devant l’adversité.
Cependant, son rival, que personne ne voyait dans le décor à partir de la deuxième ronde, a confirmé également qu’il peut réaliser de belles choses dans l’adversité. La victoire contre Washington après avoir tiré de l’arrière par 1-3 est encore toute fraîche à la mémoire des fans et surtout des patineurs. Cette équipe ne craint plus de perdre. Elle s’attaque à chaque match avec la conviction qu’elle a les ressources pour aller de l’avant.
Croire en ses moyens
Le Canadien n’a-t-il pas comblé le déficit de 0-1 en début de match justement en ne pressant pas le bouton de panique, en gardant son calme et en jouant avec détermination? N’a-t-il pas persévéré dans ses attaques et surtout dans sa façon de déployer sa stratégie dans le territoire adverse ? Une fois qu’il eut pris les devants 2-1, n’a-t-il pas concentré ses efforts sur ce qu’il fait de mieux depuis le début de la deuxième saison ?
C’est-à-dire freiner les meilleurs effectifs de l’adversaire en bloquant des tirs, en protégeant le devant du filet, en ne cherchant pas le jeu parfait, en limitant les revirements et en travaillant avec intensité le long de la rampe ? N’a-t-il pas empêché Crosby et Malkin de faire leurs petits numéros dans le territoire offensif en se précipitant sur eux dès qu’ils étaient en contrôle de la rondelle ?
Et, les joueurs du Canadien n’affichaient- ils par un petit sourire en coin à chaque fois qu’ils se retournaient pour voir Halak accomplir son travail avec une telle précision ?
On croyait que l’absence de Andrei Markov aurait de lourdes conséquences. Ça n’a pas été le cas, hier, parce que justement, les six défenseurs ont travaillé en comité. La consigne était de voir Hal Gill et Josh Gorges contre Crosby. P.K. Subban, comme il l’avait démontré dans le premier match, ne souffre d'aucun complexe face aux champions de la coupe Stanley. Il a joué un peu plus de 23 minutes… ce qui est tout de même impressionnant pour un jeune homme qui aura 21 ans dans quelques jours et qui doit se mesurer aux champions de la coupe Stanley. Guy Boucher et son groupe, à Hamilton, ont fait un travail colossal pour assurer la progression de Subban.
Le Canadien a donc rempli sa première mission.
Une victoire à Pittsburgh.
Mais, et ça n’était pas prévu, il a fait la vie dure à Crosby et à Malkin. Le tournant du match, à part Halak, il est dans le résultat obtenu par le Canadien vis-à-vis les deux joueurs étoiles.
Malkin : trois tirs, 20 :29 minutes et moins un.
Crosby : un tir, 24 :30 minutes, et moins deux… et beaucoup de frustration.
Une équipe ne peut pas demander mieux. Elle quitte Pittsburgh après avoir réussi ce qu’elle espérait. Semer un peu de doute chez l’adversaire… et surtout, laisser un message aux deux joueurs vedettes de l’adversaire. Cette série s’annonce pour être longue, pour être intéressante et surtout pour être épuisante. On aurait dit, hier, devant l’insistance des joueurs du Canadien que Crosby et Malkin manquaient d’intensité dans l’espoir de découvrir de l’espace pour manoeuvrer.
Cela témoigne de l’effort déployé par le Canadien et aussi par sa ténacité à respecter son plan de match !
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