Quatre mentors, quatre personnalités
Élizabeth Ménard
Vendredi, 20 février 2015
Ce dimanche, les quatre nouveaux mentors de La Voix débarquent dans nos télés. Ils ont un seul objectif: remporter la compétition. Mais ils auront des moyens fort différents d’arriver à leurs fins. Portrait de quatre personnalités singulières.
Reconnu pour son talent d’auteur-compositeur, Vincent Vallières espère amener un peu d’émotion à la compétition. Pour lui, l’interprétation des mots est aussi, sinon plus, importante que la puissance de la voix.
Il a séduit le Québec au complet avec sa douce balade On va s’aimer encore. Vincent Vallières connaît la puissance des mots. «Je suis un gars qui écrit des chansons donc le coup de main que je peux donner, c’est de recentrer les voix des candidats par rapport aux propos qu’ils sont en train d’interpréter, aux histoires qu’ils sont en train de raconter, pour qu’ils se mettent au service des chansons», dit-il.
À son avis, c’est là le secret de la longévité. «Je pense que les interprètes qui vont se trouver une place sur du long terme, qui vont s’installer dans le cœur du public, c’est les interprètes qui sont sensibles à ce qu’ils chantent. Isabelle Boulay en est un bon exemple.»
Une signature
Consciemment ou non, le public est très sensible à l’émotion véhiculée par l’artiste qui est sur scène, souligne Vincent.
«Il y a plusieurs chanteurs qui sont très formés, qui ont de grandes capacités vocales, qui sont très précis, très juste. Mais qu’est-ce qui va marquer leur singularité par rapport aux autres? Des fois, en faisant le travail, on se rend compte que ça ne passe pas exclusivement par la puissance. Il y a beaucoup d’éléments qui entrent dans l’interprétation d’une chanson», dit-il.
L’auteur-compositeur-interprète affirme qu’il a beaucoup d’admiration pour les personnes qui osent se présenter à La Voix. Il les décrit comme des sprinteurs qui doivent marquer des points rapidement alors que, lui, se voit plutôt comme un coureur de fond.
Le plus jeune de la bande, Alex Nevsky, accorde beaucoup d’importance au côté humain de l’expérience.
On connaît Alex Nevsky pour ses chansons, mais un peu moins pour son humour. On devrait bientôt découvrir ce côté de sa personnalité. «Souvent, juste de faire des blagues, ça vient désamorcer les situations. C’est devenu ma nouvelle passion, ça enlève un peu de stress. Je me mets dans leur peau et je comprends que c’est angoissant», dit-il.
En tant que mentor, il aime créer un lien de confiance avec les candidats et les mettre à l’aise. «Marc est un plus au niveau vocal et technique dans les duels, il prend plus le rôle de technicien et il excelle là-dedans. Moi, je prends plus le côté humain, j’essaie de donner de la confiance.»
Se sentir utile
Quand il a reçu l’invitation de Marc Dupré à participer à l’émission, Alex Nevsky a hésité. «La Voix, c’était pas mal le truc le moins plausible dans ma tête. On s’est parlé et ça m’a pris un bon deux semaines avant d’accepter.»
Il a consulté plusieurs personnes dans son entourage et a pris le temps de s’informer sur son rôle. «Ma crainte c’était d’être juste une image à la télé, confie-t-il. Mais finalement je me suis rendu compte que le rôle de mentor c’était autre chose. C’est vraiment dans la musique, dans le travail et ça m’a convaincu d’y aller.»
Dans son rôle de mentor, Alex Nevsky veut également avoir des discussions sur ce que c’est réellement que d’avoir une carrière en musique au Québec.
«Juste une petite discussion qui n’a pas rapport avec les duels, mais qui a rapport à ce que c’est réellement ce métier, c’est quoi d’aller dans une van de tournée et d’être assis avec les sept mêmes personnes pendant 8000 heures… C’est une réalité qui est vraiment moins glam, mais c’est important de le partager», dit-il.
Avec 25 ans de carrière au compteur, Lynda Lemay en a beaucoup à partager. Ce qu’elle recherche: l’originalité.
«Ce qui me séduit en premier chez les candidats, c'est ce qu'ils apportent de neuf, ce sont les couleurs surprenantes de leur voix», indique la mentor, choisie par Éric Lapointe.
Durant sa carrière, Lynda Lemay en a vu passer, des artistes. Certains ont perduré, d’autres se sont évanouis. À son avis, le secret pour faire sa place, c’est d’être soi-même.
«Ces 25 ans m'ont appris qu'il était primordial de rester intègre, fidèle à soi-même et à son art. J'ai aussi appris qu'il valait toujours mieux s'entourer de gens qui ont les mêmes valeurs que nous, la même vision de la vie et du métier», confie-t-elle.
Ce qui l’impressionne, c’est lorsqu’un artiste est à l’aise sur scène. «J'aime être impressionnée par des artistes inspirés, convaincus et convaincants», dit-elle.
Des mentors marquants
Lynda Lemay connaît l’importance des mentors puisqu’elle a elle-même bénéficié du support de certains artistes durant sa carrière. Il y a, évidemment, Charles Aznavour qu’elle a rencontré en 1996 au Festival de Jazz de Montreux, puis à Québec un peu plus tard «Lors de différentes entrevues avec les médias, il a eu la générosité d'avoir de très bons mots à mon égard, se souvient-elle. Il multipliait les commentaires flatteurs au sujet de mon écriture, ce qui a sûrement rendu curieux des milliers d'amateurs de chansons à texte.»
Elle mentionne également Serge Lama et Pascal Sevran. «Ils ont eu confiance en moi dès le tout début de ma carrière, et l'assurance que ça m'a apportée n'a pas de prix. C'est pourquoi, lorsque j'ai confiance en un artiste qui me touche, je tiens à ce que l'artiste en question le ressente et n'ait pas de doute sur la place qu'il mérite dans le paysage musical actuel», explique-t-elle.
Visage moins connu du grand public, Philippe B. travaille depuis longtemps avec Pierre Lapointe. Il est la moitié pragmatique et rationnelle du duo, celui qui n’a pas peur de trancher.
Philippe B. est connu dans le domaine de la musique pour ses multiples talents. En plus de ses quatre albums solos, dont le dernier lui a valu le Félix d’auteur-compositeur de l’année 2014, il partage son savoir avec d’autres artistes.
Il a été guitariste pour Pierre Lapointe et a coécrit certaines de ses chansons, notamment la pièce Le bar des suicidés. Il a également réalisé l’album Merci Serge Reggiani, d’Isabelle Boulay.
La voix de la raison
Pierre Lapointe a arrêté son choix sur Philippe B. parce que les deux amis ont déjà une mécanique de travail bien établie, mais aussi parce que le musicien a des forces complémentaires aux siennes, estime-t-il. «Je suis plutôt pragmatique, plus rationnel. Je fais peut-être le pont entre l’aspect intuitif et artistique qui est le talent principal de Pierre», fait valoir Philippe B.
Le mentor et le coach se sont rencontrés il y a plusieurs années, alors que Pierre Lapointe se cherchait un guitariste de tournée. «Je lui avais été recommandé par personnes interposées. Je suis allé chez lui pour faire une audition, mais je ne me rappelle même pas si j’ai joué de la guitare, raconte Philippe B. Ce n’était pas très exhaustif comme audition, il voulait surtout savoir si j’étais quelqu’un avec qui il aurait envie de partir en tournée.»
Étant le moins connu des quatre mentors, Philippe B. est bien conscient que son arrivée à La Voix chamboulera son quotidien.
«Comme je suis dans un rôle où je dois donner mon opinion, il y a évidemment des gens qui ne seront pas d’accord. Mais je suis à l’aise avec ça. Ça ne m’inquiète pas tellement. Certaines personnes vont peut-être s’intéresser à ce que je fais et d’autres non», dit-il sagement.
SOURCE:
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