L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE VI ...
Modérateur : Elise-Gisèle
par DUMAS Juliette
Pour la 6e année consécutive, le Big Brother tricéphale TF1-Endemol-Universal tente de ‘staracademyser’ un maximum de cerveaux disponibles, avec débauche de moyens, gaspillages d’énergies et profusion de stars en promo. Bienvenue dans la civilisation du gâchis…
Depuis Loft Story, la téléréalité ne cesse d’envahir le petit écran. Bâtir une notoriété sur une abyssale absence de talent ( « l’élevage de poussière » selon le philosophe Jean Baudrillard ) fut au début rentable pour les chaînes. Mais après l’échec d’émissions comme Nice People, La Ferme ou Le Royaume, le concept s’essouffle : elles s’efforcent à tout prix de trouver ou créer des talents ex nihilo dont témoignent Popstars, Nouvelle Star, Top Model 2005, Dancing Show et autre Star Academy. Recrutant uniquement parmi les jeunes, voire très jeunes puisqu’une candidate de la Star Ac 6 n’a que 16 ans, les chaînes leur promettent l’apport d’« une formation artistique complète », à l’image des High School of Performing Arts américaines.
I • Coach Academy
On n’hésite plus à américaniser les titres des émissions : Star Academy doit sonner plus pro que Star Académie pour certains lettrés télévisuels, permettant par-là de légitimer le barbarisme ronflant d’Academycien, voire d’approcher l’American Dream. C’est du moins l’espoir illusoire que les productions instillent chez ces jeunes candidats à la gloire, séduits par une reconnaissance facile et quasi immédiate de leur(s) talent(s), avérés ou en devenir, et une alléchante récompense à la clé pour le vainqueur : un million d’euros ( en fait une simple avance sur recettes ) et l’enregistrement d’un album, sans oublier une tournée pour rentabiliser le produit.
Une équipe de coachs est là pour les encadrer et leur enseigner les rudiments de la vie d’artiste : coach vocal, coach artistique, coach sportif… Là encore, le coach anglais supplante l’entraîneur français. Sans oublier les psychologues, en relation permanente avec les élèves, pour les aider à surmonter la séparation d’avec leurs parents, et rassurer ces derniers que leurs enfants sont en de bonnes mains et ne courent aucun danger. Du moins tant qu’ils sont à l’intérieur… Mais lors de la minute de téléphone quotidienne, sadiquement octroyée par la production, les glandes lacrymales fonctionnent souvent à plein régime…
Les recrues de la Star Ac sont filmées 24 heures sur 24 par une armée de caméras, sauf dans les toilettes précise-t-on : quel tact ! Le téléspectateur n’est pas moins rendu complice de voyeurisme autorisé : on lui donne à voir et en direct, non pas la réalité comme on s’efforce de le lui faire croire, mais bien une réalité télégénétiquement modifiée. Une vie sous contrainte pour des victimes consentantes. Des candidats à la gloire, mais aussi à la honte, à l’humiliation, au ridicule… Et une fois l’aventure terminée, les sunlights éteints et les psys partis, à la dépression pour les plus faibles d’entre eux. Conseillons à ce propos l’excellent opuscule de Jean Baudrillard, Télémorphoses (2001) paru chez Sens&Tonka, critique acerbe et édifiante de cette réalité intégrale.
II • I wanna be a Star
Après une ‘star accalmie’ de plusieurs mois, le générique de Bob Sinclar retentit à nouveau : la Star Academy s’affiche désormais en lettres d’or sur le petit écran. Vendredi 1er septembre 2006, Nikos Aliagas, relooké façon Men in black et accompagné de ‘Nikosettes’ légèrement vêtues, lançait la nouvelle édition de l’émission phare de TF1, pour occuper l’antenne quatre mois durant, et ce malgré le flop des ventes de disques de la dernière gagnante, Magali.
Magali ???
Si, souvenez-vous, lors de la première de la Star Ac 5 : c’était elle qui souffrait d’un « handicap de poids », habillée comme un sac, en jogging et baskets, alors que toutes les autres se trémoussaient en micro-jupes, à croire que les ‘stylistes’ n’avaient rien prévu au-dessus de la taille 34. Si nul ne s’en rappelle et si elle ne vendit péniblement que quelques milliers de disques, c’est qu’elle n’a pas bénéficié de promotion de la part de TF1, puisqu’on ne l’a vue ni entendue nulle part, contrairement aux lauréats précédents. Le public aurait-il fait un mauvais choix ?
Pourquoi sont-ils là, les 18 ‘Academyciens’ ? « Pour vous dévoiler leur personnalité artistique et vous prouver qu’ils ont une âme d’artiste », annonce Alexia Laroche-Joubert (ALJ), productrice de l’émission et taulière. Il est judicieux de le préciser, car il est manifestement difficile de percevoir leur personnalité tout court … Mais bon, les heureux élus sont là pour apprendre et motivés comme jamais : « je vais donner le meilleur de moi-même ; je ne vous décevrai pas ; je vais me donner à 200% ( voire 1000%, selon les ambitions ) ». Ah ! Que de phrases spontanées et originales, les mêmes répétées par absolument tous les candidats depuis six ans : quel meilleur reflet de leurs personnalités fortes et diverses ? Et Nikos de confirmer : « ils sont jeunes, ils sont beaux, ils en veulent ! ».
Ils veulent surtout gagner, oui…
III • United Colors of Star Academy
2006. Cette année, la Star Ac se veut ‘worldwide’, ‘ethnique’ : comprenez programme fédérateur pour toucher un ‘large public’, et non pas seulement la célèbre ménagère de moins de 50 ans. La production a même traversé les mers pour ‘caster’ à Casablanca ( Maroc ), la Métropole ne renfermant apparemment pas assez de talents. Le site www.lematin.ma précise qu’à l’issue du casting qui dura deux jours, « pas un seul Marocain n’a été pris […] Mais pour les talents marocains, rien n'est perdu, puisqu'ils auront peut être la chance de participer à la Star Academy Maghreb, qui a déjà été annoncée ». Tout ça pour ça !
Quoiqu’il en soit, les origines des ‘Academyciens’ sont diverses : Martinique, Inde, Bénin, Portugal, Sicile, Espagne, Montélimard, 7-7… Et les prénoms, exotiques : Eloïsha, Fafa, Elfy, Brice ( non, non, pas de Nice ). Pour ALJ, une des élèves « représente les voix du monde », rien moins que ça. Quant à ce garçon d’origine portugaise, dont la mère est gardienne d’immeuble et son père maçon ( forcément ), Dieu lui a donné la foi et a guidé ses pas jusqu’à la Star Ac.
Cela dit, ces apprentis chanteurs jouent pour la plupart d’un instrument, et plutôt bien. Mais quant à leurs univers pourtant si « incroyables », si « particuliers » selon ALJ, ils s’apparentent plutôt à une variante de la chanson de Claude Barzotti : « je suis [un clone] et je le reste, et dans le verbe et dans le geste », la plupart se contentant d’imiter leur chanteur préféré. Sur le plateau, le public déchaîné comme si les Beatles avaient ressuscités, assiste donc au défilé des clones de : Kyo, Jeanne Cherhal, Chico des Gypsy Kings ( impressionnant, on aurait dit le vrai ! De la voix à la guitare, tout y était ! ), Diam’s, Raphaël, Jenifer, Patrick Fiori, Beyoncé, J.R… C’était pas J.R., l’homme au chapeau de cow-boy avec la guitare et la chemise à carreaux ? Tout cela sous les yeux de la ménagère, ébaubie par tant de diversité…
IV • La Folie des Grandeurs ou l’Indécence en Prime Time
La Star Ac, c’est comme Fort Boyard : « toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ! ». Le château a été entièrement relooké « grand siècle – baroque – XVIIIe » : exit Ikea, on a préféré le « style Marie-Antoinette » pour la chambre des filles, c’est-à-dire rose, et bleu pour les garçons… Un décor qui inspira cette profonde réflexion à une élève : « j’aime cette atmosphère un peu vieux ». Les vrais experts du XVIIIe siècle seraient certainement pris de nausée devant ce déferlement de mauvais goût, avec pour clou du spectacle le fauteuil clinquant or de la salle d’interview ! Le kitsch ‘en prime’… Seule la bibliothèque a été épargnée : forcément, il n’y en a pas, la culture littéraire ne faisant pas partie de la formation. Quant au plateau de la quotidienne, on l’a voulu Space 1999 [1], tellement space effectivement qu’il est d’une laideur épouvantable et ne ressemble à rien.
L’an dernier sur le site web de TF1, Nikos Aliagas annonçait une Star Ac 5 avec « des studios plus grands. La production prévoit encore plus de lumières » car « l’idée est de faire davantage rêver ». L’ancien plateau, pourtant déjà « super éclairé » de l’avis du présentateur, fait pâle figure à côté du nouveau : c’est le plus grand plateau d’Europe ! La preuve par les chiffres : 2000 mètres carrés, 1700 places, une avant-scène digne d’une salle de concert, et un mur d’eau ( ou « rideau d’eau » et ridicule quand prononcé très vite ). Quant à l’éclairage, il est tout simplement aveuglant, pire que les Champs-Elysées un soir de Noël ! C’est à peine si on voit les candidats sur le plateau, qu’on n’entend pas toujours d’ailleurs, tellement ça flashe de partout et, avec une réalisation à donner le tournis, c’en devient vite insupportable. Mais sur TF1, on a les moyens et on vous le montre.
Curieusement, c’est aussi cette même chaîne qui diffuse les spots du Défi pour la Terre, opération lancée par Nicolas Hulot, invitant chacun à s’engager à respecter son environnement. La présentatrice météo Evelyne Dhéliat en est l’une des ambassadrices, et déclare ceci sur le site www.defipourlaterre.org : « le réchauffement climatique est une évidence et la planète est en danger. Pour la préserver, mon engagement est double : au quotidien dans mes gestes personnels, mais aussi, et surtout, à travers mon métier et le média que je représente. Je m'efforce d'informer et de sensibiliser le plus grand nombre de personnes ». C’est tout à son honneur, mais que ne sensibilise-t-elle l’équipe de la Star Ac ! Alors qu’à 20h40 les présentateurs météo de la chaîne conseillent de faire un bon geste pour la planète : éteindre la lumière en quittant une pièce ou préférer les douches aux bains, et qu’à 20h50, le téléspectateur assiste à une orgie de dépenses d’énergies inutiles, de qui se moque-t-on ?
Où est la cohérence ? La décence ? La mesure ? Où est le respect ? Le plateau de la Star Ac a-t-il vraiment besoin d’être éclairé jusqu’à la nausée ? Un mur d’eau est-il vraiment indispensable pour « faire davantage rêver », à l’heure où l’on restreint l’arrosage des cultures pour cause de sécheresse ? Que l’on ne s’y trompe pas : ces excès en tous genres ne sont que des subterfuges pour masquer une réalité si médiocre que, sans ces artifices, elle n’intéresserait personne. Pour preuve, les prestations a capella des candidats lors des premières évaluations devant le ‘corps professoral’ : sans lumières ni paillettes, elles ne sont plus que d’une banalité affligeante, souvent proches du degré zéro du vide. Démonstration par l’exemple.
V • Le Corps professoral : Star Accoucheur de Talents
C’est donc au ‘corps professoral’ que revient la lourde tâche de transformer des crapauds en princes et princesses de la variété française, pour qu’ils vendent beaucoup de disques et rapportent un maximum d’argent à Big Brother. Le président d’Universal fait lui-même partie du jury pour veiller sur sa future progéniture, qu’il espère transformer en poule aux œufs d’or. Chaque semaine ont lieu les fameuses évaluations, les éval’ si vous parlez le Star Ac couramment : les élèves doivent préparer un extrait de chanson et une chorégraphie ( ou « choré » quelquefois hélas plus proche de quelque chorée ) préalablement définis par les profs. Après chanter et danser devant le jury, celui-ci délibère sur la prestation de chacun lors du « conseil », à l’issue duquel six élèves ayant obtenu la moins bonne note sont désignés. Ils devront passer une séance de rattrapage qui déterminera les trois moins bons : les « nominés », dont l’un sera « sauvé » par le vote du public lors de la grand-messe du « prime » suivant, et un second par ses camarades. Le dernier sera viré illico presto.
C’est ainsi que dès le premier « conseil des professeurs », la Star Ac 6 tourne vite au jeu de massacre, et les élèves s’en prennent ‘plein la gueule’. C’est ici que la perversité commence et que transparaît la supercherie dans toute son écœurante réalité. Après avoir rebattu les oreilles des téléspectateurs que les candidats sont de « vrais artistes », qu’ils possèdent tous « une vraie personnalité », « un vrai univers artistique et une vraie voix », la vérité tombe tel un couperet et les jugements cinglants fusent avec toute la suffisance de ces ‘professeurs’, investis du pouvoir de « nomination » par le dieu Téléréalité :
• la plupart des candidats ne savent pas chanter ou bien chantent faux ;
• beaucoup n’ont rien à dire, rien à proposer ;
• peu d’entre eux savent danser ;
• ils n’ont pas d’univers ;
• ils sont tour à tour : inintéressants, transparents, incompréhensibles, prétentieux, inexpressifs, scolaires.
ALJ qualifie même la prestation d’une élève comme « une insulte à son intelligence », elle qui déclarait lors du prime, être « très surprise par la qualité des candidats » ! Et tout cela après annoncer haut et fort que les ‘Academyciens’ « ne sont pas des professionnels, mesdames et messieurs, ladies and gentlemen » ! Or si ces jeunes ne sont pas des artistes, comment expliquer cette violence verbale et morale à leur encontre de la part de ces mêmes ‘professeurs’ qui les ont choisi, 18 parmi 10 000 !? Alors de deux choses l’une : ou bien le chiffre des aspirants est faux et gonflé pour conforter artificiellement le succès de l’émission, générant du même coup une pression supplémentaire pour les élus conscients de leur chance incroyable d’avoir été sélectionnés, ou bien au lieu de vrais artistes on a simplement constitué un ‘panel’ représentatif des jeunes d’aujourd’hui, englobant divers styles : de belle-des-champs à je-kiffe-la-vibe. C’est parfait pour l’audience, on touche ainsi un plus large public. Bref, il y en a pour tous les goûts. De pseudo stars pour une Pseudo Academy.
VI • Jugé Coupable
Non content d’être témoin voyeur, le téléspectateur est lui aussi invité à ‘participer’, autrement dit à être complice de la mascarade en votant pour « sauver » son candidat préféré parmi trois « nominés », tel le Romain levant son pouce pour épargner la vie du gladiateur. Sauf que s’il a la faculté de « sauver », il a par conséquent aussi celle d’éliminer, culpabilité qu’on se garde bien de lui faire remarquer. Au soir des éliminations donc, tout est fait pour le convaincre du pouvoir qu’on lui confère, parodie de la démocratie participative. Les scores sont toujours « extrêmement serrés » et ce jusqu’à la dernière seconde, malgré l’écart final affiché de 30% entre deux candidats ! On dévoile sans aucun scrupule la manipulation sans que nul n’en soit choqué : ni le présentateur qui ment comme un arracheur de dents, répétant bêtement ce que la production lui souffle à l’oreillette, ni le téléspectateur qui a voté par téléphone ou sms, remplissant au passage les caisses de TF1.
Frères des téléspectateurs dans l’adversité, les candidats non nominés doivent également « sauver » un des deux camarades restants. Le sort des nominés est ainsi réglé : soit par le public qui décide par la fameuse injonction « c’est vous qui décidez ! », soit par les élèves. « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère », et la raison du plus fort étant toujours la meilleure, le corps professoral s’en lave les mains !
VII • L’Art de la Dramatisation
Pour présenter les élèves et leur ‘extraordinaire’ potentiel artistique, l’émission a recours au procédé fort original du clip scénarisé. Chaque participant est filmé parmi les siens, et décline ses passions et rêves jusqu’à l’annonce finale qui le délivre de cette vie insipide pour le propulser sur les sentiers de la renommée. Ses paroles sont aussi spontanées qu’une vache qui regarde passer un train, le texte ayant probablement été rédigé par des assistants ( sans doute les mêmes rédacteurs des textes des fiches de présentation sur le site web de TF1, cf. infra ), puis scrupuleusement appris par cœur par le futur ‘Academycien’. Débile et affligeant.
Tel le condamné à mort espérant la grâce présidentielle, le candidat à la gloire attend de recevoir son coup de fil libérateur, voire la vidéo salvatrice d’un membre du jury, non pas parce que certains postulants ne possèdent pas le téléphone, mais parce qu’incontestablement un juré est plus télégénique que sa seule voix. Le suspense est à son comble et on joue à fond la carte dramatique, usant d’effets spéciaux novateurs : « tu attends ce coup de fil depuis un bon moment déjà…………………… nous avons longtemps hésité………………………… néanmoins……… le jury………… dont je fais partie……… a décidé……… que…………… tu fais partie de… ».
Il est bon de rappeler au téléspectateur à qui cela aurait échappé, que le porteur de bonne nouvelle fait partie du jury, et que ce n’est pas la femme de ménage qui décide, enfin pas tout de suite : elle aussi aura droit de passer un coup de fil, mais plus tard, à « 0,56€/vote + surcoût éventuel selon opérateur », pour « sauver » son ‘Academycien’ préféré. Lorsque le suspense est à son comble, la caméra zoome sur le candidat au bord de la syncope. La fin de l’annonce du juré, qui a bien appris son texte pour la circonstance puisqu’on entendra 18 fois la même chose à un mot près ( les rédacteurs ont bien mérité leur salaire ), se perd dans les cris de bêtes de la famille qui saute sur son rejeton en pleurs, tels des joueurs de foot sur leur camarade qui vient de marquer un but. Le candidat est désormais promu ‘Academycien’ : c’est ça, la magie de la télé.
18 coups de fils et trois coupures pub plus tard, à 80 000 € les 30 secondes, TF1 aura trouvé près de 6 700 000 cerveaux disponibles. C’est moins que l’an dernier. On argumentera que tous les Français n’étaient pas rentrés de vacances, et qu’il faut laisser le temps à la compétition de s’engager…
VIII • Do you speak Star Ac ?
Tout le monde le sait : la téléréalité, « c’est que du bonheur ». Comme les Elfes avec l’elfique, la Star Ac possède aussi son propre langage : du spontané : « y m’nie la tronche ! », au plus poli : « je vous remercie de m’avoir sélectionné ». Morceaux choisis :
Les profs :
• Il faut pas que ça t’empêche d’exprimer des choses.
• Il faut que tu t’appropries la chanson.
• On est tous très fiers de vous !
• Tu es la dernière du classement, mais ça ne veut rien dire !
• Je la trouve générationnelle, je trouve bien qu’il y ait une fille comme elle.
• Elle me fait craquer cette petite. Je la trouve super mignonne, c’est un petit bonbon. Avis avisé d’un professionnel sur une jeune ‘Academycienne’ en attente de starification, qui ne sait ni chanter ni danser.
• Ça va lui faire du bien d’être nominée, elle est là un peu en touriste. Commentaire d’un autre professionnel à propos du « petit bonbon ».
• Telle que je te vois, j’ai pas l’impression que tu sois quelqu’un qui se fende la gueule du matin au soir. J’ai pas envie de te transformer en petite poupée qu’a le smile bêbête ( Raphaëlle Ricci, dite Raffie, et coach artistique, a dû prendre des cours dans Popstars (M6) avec Mia-give me the steps-Frye )
Les élèves :
• Merde ! On marche sur la pelouse !
• J’ai les dents en avant, ça me choque !
• Faut arrêter de psychoter ! Allez taffer les gars !
• Déchire l’éval !
• J’ai été nullos sur c’coup-là. J’ai absolument rien dit à ma sœur, quoi. J’ai même pas dit au revoir ! merci d’être venue, merci de m’soutenir, ben tu vois, quelque chose d’intéressant, quoi.
Nikos Aliagas :
• Mesdames et Messieurs, Ladies and Gentlemen, Lionel Richie ! Prononcez comme Nikos qui a la ‘Star Ac attitude’ : Laïonell
• Laïonell, what can you say about this promotion ? Laïonell, que pouvez-vous dire sur cette promotion ? Réponse de Laïonell : Oh ! My God ! It’s amazing !
• Avec l’assurance de ne proférer que des choses essentielles, Nikos lance cette information vitale à propos de Yannick Noah et de Laïonell-Oh ! My God ! It’s amazing !-Richie : « ils parlent en anglais entre eux » !
• Il faut aller chercher le public, il faut lui ouvrir son cœur !
• Et, tel un prêcheur américain en extase : « prenez les applaudissements, prenez l’énergie ! ».
In Star Ac they trust.
La directrice Alexia Laroche-Joubert :
• La Star Ac c’est une école, une école de l’excellence.
Pas du langage en tout les cas. Un coach de français ne serait pas du luxe.
• Pour les derniers, vous êtes plutôt déçus. Pour les premiers, vous êtes plutôt contents. Directrice philosophe.
Comme indiqué plus haut, les rédacteurs débordent d’imagination pour présenter les ‘Academyciens’ sous leur meilleur jour. Pour preuve ces extraits de textes lus sur le site de l’émission, dont la niaiserie n’a d’égale que la bêtise et ferait passer Marc Lévy pour un génie littéraire :
• L’univers de Ludovic est rempli de mysticisme. Le mystique fera-t-il donc quelques apparitions au château ? Mystère mystère...
• Mais rassurez-vous, même si sa chanson préférée est " life from mars " de David Bowie, Brice n'est pas un ovni et garde bien les pieds sur terre. La life de Bowie est on Mars, ce sont les Spiders qui sont from Mars. Mais bon, du moment qu’on est rassuré…
• Céline est aussi une inconditionnelle du beau gosse de la chanson française, l'emblématique Patrick Bruel. Comme on te comprend Céline !
• Toutefois, tel docteur Jekyll et Mister Hyde... il y a transformation dès qu'il se met au piano. Cet artiste de 21 ans apparaît dans sa splendeur. Y a transformation comme Goldorak et ses cornofulgurs ?
• Son existence sera un grand spectacle de chansons dont il espère être la star.
Bienvenue à Disneyland.
IX • Stars en promo
A-t-on jamais vu un seul chanteur sur le plateau de la Star Ac qui n’ait rien à vendre ? Au bas du petit écran, on voit systématiquement défiler le CD de l’album ou du single qui vient de, ou qui va, sortir. Chaque star vient chanter son dernier ou son nouveau tube : l’émission est un formidable vecteur promotionnel pour les artistes… d’Universal Music.
Cette année, Lionel Richie et Yannick Noah parrainent l’émission, succédant à la surréaliste Maria Carey, marraine de la Star Ac 5. Eux aussi ont droit à leur clip de présentation, mais sans texte consternant à réciter. On insiste bien sur les 80 millions d’albums vendus de l’Américain, confirmant par-là au téléspectateur que, les stars de la Star Ac, c’est du lourd. Après chanter en duo « exceptionnel » avec Noah l’incontournable All Night long, curieusement, point de nouveau tube ! On se met à espérer que tout n’est finalement pas si pourri au royaume de la Star Ac, que « l’artiste généreux » n’est là que… par générosité. Que nenni ! Laïonell revient en deuxième semaine pour chanter Say you say me avec les élèves et… son nouveau single qui ne sort que la semaine prochaine ! Ouf ! On est rassuré !
Le scoop de cette sixième édition est en fait d’assurer le retour, sans cesse repoussé, de Michel Polnareff, artiste donc Universal, dont les concerts prévus à Bercy en 2007 sont déjà ( presque ) complets. A noter au passage que le prix des places s’échelonne entre 52,50 € et… 140 € ! soit près de deux fois plus chères que pour Johnny Hallyday. Eh oui, le retour a un prix. Le miracle de la technologie opère et les téléspectateurs entendent la star tant réclamée en direct live from L.A. California ! Nikos Aliagas n’avait-il pas promis « un plateau exceptionnel » ? Et tout au long des dix-sept semaines de la compétition, les ‘Academyciens’ rendront hommage au compositeur de la B.O. de La Folie des Grandeurs, en interprétant ses chansons ! Un come-back parfaitement orchestré.
A la fin de l’émission, on voit soudain surgir la sympathique et jolie Magali, arborant toujours son « handicap de poids », mais sans le jogging cette fois. La ménagère, la main crispée sur sa zapette, attend de pouvoir enfin écouter le dernier single de celle qu’elle a peut-être « sauvée » l’an passé. Hélas ! Trois fois hélas ! Après un « Magali on l’aime, on la soutient », Nikos la relègue sans autre forme de procès parmi les nouveaux habitants du château pour faire les chœurs derrière Yannick Noah ! Face à la personnalité préférée des Français et à Laïonell-80 millions de disques vendus-Richie, la gentille Magali ne fait décidément pas le poids. On lui préfèrera la semaine suivante une autre star moins académique : Cauet et son tube générationnel « Zidane il a marqué », qu’il chantera (?) avec deux élèves au comble du bonheur. Derrière le mur d’eau et le son et lumière les plus consommateurs d’énergie d’Europe, la vulgarité sera sauve…
X • Star Accord parental indispensable
A la Star Ac’, les décisions à prendre sont toujours « terribles » ; présenter une émission en direct n’est « pas facile » ; chanter et danser en direct est « très difficile » pour des jeunes non professionnels. Ils ne sont pourtant pas venus contraints et forcés. Du moins au départ. Certains parents, auparavant réfractaires à ce que leur enfant embrasse une carrière artistique, ne trouvent soudain plus rien à redire et l’accompagne même dans l’arène. Comment se sentent-ils après regarder leur fils ou leur fille se faire humilier en direct devant des millions de téléspectateurs? Lors de la minute téléphonique, aucun d’entre eux ne « sauve » leur gamin, pleurant toutes les larmes de son corps et voulant « quitter l’aventure », en lui adjoignant de le faire. Bien au contraire : ils y vont à la motivation, à coups de « on t’aime, tu vas y arriver, accroche-toi ! il faut que tu positives tout » ! Oui, il faut tout supporter parce qu’« il y en a des milliers qui voudraient être à ta place ». Comment peuvent-ils oublier ou occulter que TF1 est une entreprise privée, qui cherche à faire un maximum d’argent par tous les moyens possibles, et sur le dos de gamins naïfs à qui ils promettent la lune ? Personne ne sauve de vies, à TF1. Pas plus que du ridicule.
Le mot de la fin revient à Alexia Laroche-Joubert et se passe de commentaire : « nous avons des candidats originaux, ne les formatons pas ». Et lorsque Nikos Aliagas demande à une ‘Academycienne’ avec qui elle rêve de chanter en duo, celle-ci répond : « Jenifer [2] ». CQFD.